Relations entre Israël et le Maroc

Le Mossad israélien procure une aide opérationnelle dans l’élimination de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé en région parisienne le 29 octobre 1965

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Les relations entre Israël et le Maroc sont les relations diplomatiques entre l’État d’Israël et le Royaume du Maroc. Depuis la création de l’État hébreu en 19481, une relation secrète s’est développée entre les deux États sans qu’il y ait une reconnaissance officielle de l’État d’Israël de la part du Maroc. Le 4 juillet 1994, les deux États ouvrent des bureaux de liaison à Rabat et Tel Aviv après une rencontre diplomatique à Paris entre les deux ministres des Affaires étrangères, Tzipi Livni et Mohamed Benaïssa. Ces représentations seront fermées en octobre 2000 après la Seconde intifada2.

Le 10 décembre 2020, Israël et le Maroc rétablissent leurs relations diplomatiques dans le cadre d’un accord trilatéral impliquant que les États-Unis3 reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental4.

Auparavant, les responsables politiques des deux pays se sont rencontrés à plusieurs reprises, notamment le 22 juillet 1986, quand le Premier ministre israélien Shimon Peres s’est rendu au Maroc pour rencontrer le roi Hassan II5.

Histoire des relations entre les deux pays

Le Mossad israélien procure une aide opérationnelle dans l’élimination de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé en région parisienne le 29 octobre 19656. En revanche, il envoie en 1973 au Golan un contingent se battre aux côtés des Syriens lors de la guerre d’octobre 19737.

Le Maroc envoie 6 000 soldats de ses forces armées royales côté syrien.

Un « Wikileaks marocain » révèle en 2014 que les États marocain et israélien entretiennent un dialogue politique permanent8.

Le président américain Donald Trump officialise le 10 décembre sur les réseaux sociaux la décision du roi Mohammed VI d’établir des relations diplomatiques avec l’État d’Israël. Cette annonce est bientôt suivie d’un communiqué royal9. En échange, Washington reconnait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et décerne à Mohammed VI la Légion du mérite10. L’accord de normalisation des relations entre les deux pays est signé officiellement le 22 décembre 202011.

La normalisation avec Israël est perçue comme étant une décision solitaire du roi, le Parlement et les partis politiques n’ayant pas été consultés ni même informés préalablement. La plupart de ces derniers sont restés silencieux, ne souhaitant pas s’opposer à une décision du roi ni aller publiquement à l’encontre de l’opinion publique marocaine, traditionnellement sensible à la cause palestinienne. Seuls le Parti socialiste unifié et la Voie démocratique ont clairement dénoncé la décision. Les manifestations de rues hostiles à la normalisation sont interdites par le pouvoir9.

Le Maroc a effectué une intervention visant à faciliter l’obtention par Israël du statut d’observateur au sein de l’Union africaine, mais lors de la réunion du 19 février 2023, l’Algérie et l’Afrique du Sud ont réussi à exclure Israël de l’Union africaine malgré les pressions marocaines12.

En contrepartie, le Maroc souhaite bénéficier d’investissements israéliens importants et intensifier la coopération sécuritaire, laquelle existe de longue date. Israël assure aussi le royaume marocain de son soutien face à son rival régional, l’Algérie, qui soutient publiquement et fortement la cause palestinienne13.

La communauté juive au Maroc est issue d’une présence historique longue. Le gouvernement marocain a toujours accepté la communauté juive sur son territoire même après la création de l’État d’Israël en 1948, facilitant les liens diplomatiques entre les deux États14. Dans les années 1950 et 1960, sous l’action des mouvements sionistes et l’effet de la pauvreté, une grande partie de la communauté juive quitte le Maroc pour l’Amérique latine, les États-Unis, le Canada (et particulièrement le Québec) et la France. Mais l’émigration vers Israël est prépondérante, légale entre 1948 et 1955, avec 70 000 personnes, puis interdite et clandestine entre 1955 et 1961 avec 65 800 personnes, puis, après le naufrage d’un navire, le Pisces, avec quarante-trois passagers, à nouveau autorisée par Hassan II (opération Yakhin). De 230 000 personnes environ en 1948, la communauté juive passe à moins de 70 000 lors de la guerre des Six Jours en 196715. Cette guerre suscite des troubles anti-juifs au Maroc, provoquant une recrudescence d’émigration, plus vers le Canada, l’Espagne et la France que vers Israël. En 1989, la communauté juive marocaine ne dépasse pas les 10 000 personnes. Selon le magazine La Vie éco, c’est finalement plus de 90 % de la communauté juive qui a émigré en Israël16.

Juifs au Maroc

Article détaillé : Histoire des Juifs au Maroc.

La communauté juive au Maroc est issue d’une présence historique longue. Le gouvernement marocain a accepté la communauté juive sur son territoire même après la création de l’État d’Israël en 1948, facilitant les liens diplomatiques entre les deux États14.

Certaines villes marocaines possèdent des mellahs (quartiers juifs), notamment celle de Marrakech. Le Maroc est également le seul pays arabe à avoir un musée juif17.

Le Maroc reconnaît, par ailleurs, l’ascendant hébraïque en tant que composante de la définition de l’identité marocaine, à la lettre du préambule de la Constitution du Royaume de 201118. Les juifs marocains, sont activement intégrés à la vie politique, à l’instar du Conseiller particulier du Roi, André Azoulay, ainsi que l’ancien ministre du Tourisme, Serge Berdugo. De nombreuses écoles juives, présentes dans tout le Royaume, compte en leur sein juifs et marocains, les plus connues étant l’École normale hébraïque et le lycée Maïmonide, toutes deux implantées à Casablanca, et homologuées par l’AEFE (agence française pour l’enseignement français à l’étranger).

Une politique volontariste est menée par le Royaume pour éradiquer l’antisémitisme au Maroc particulièrement, et dans le monde arabe plus généralement19.

Certains nombreux observateurs relèvent l’importance des diasporas juives marocaines, et leur influence dans les domaines de la politique, la diplomatie et des affaires20.

En juin 2023, Israël participe pour la première fois aux manœuvres militaires African Lion. Selon le porte-parole militaire israélien : « Une délégation de 12 soldats et officiers du Bataillon de Reconnaissance Golani a quitté Israël dimanche pour prendre part aux manœuvres African Lion 2023 qui se déroulent au Maroc »23 Cependant, l’année précédente, l’armée israélienne a participé à African Lion en tant qu’observateurs militaires internationaux, ce qui signifie que ses soldats n’ont pas participé aux exercices24.

Visites officielles

Le 7 juin 2023, Amir Ohana, chef du parlement israélien affilié au Likoud (parti de droite), a effectué la première visite officielle au parlement marocain, marquant ainsi une étape historique en tant que première visite dans un pays musulman25. Cette visite a eu lieu à une date symbolique, faisant référence à la Guerre des Six Jours, également connue sous le nom de Naksa. Cependant, des manifestations ont également eu lieu pour exprimer leur opposition à cette visite26.

Notes et références

« A/RES/181(II) of 29 November 1947 », sur web.archive.org, 5 juillet 2014 (consulté le 14 décembre 2020)
« وزير خارجية المغرب يلتقي بنظيرته الإسرائيلية في باريس – الشروق أونلاين », sur web.archive.org,‎ 23 novembre 2020 (consulté le 14 décembre 2020)
« Le rapprochement entre le Maroc et Israël bouleverse les rapports de force dans la région » [archive], sur RFI, 14 décembre 2020 (consulté le 14 décembre 2020)
« Les États-Unis adoptent une carte du Maroc intégrant le Sahara occidental » [archive], sur Le HuffPost, 12 décembre 2020 (consulté le 14 décembre 2020)
« Retour sur la rencontre singulière entre Shimon Peres et Hassan II » [archive], sur Telquel.ma (consulté le 19 mai 2023)
« Pegasus. Tel-Aviv et Rabat, une si longue histoire d’amour », sur humanite.fr via Wikiwix, 24 octobre 2021 (consulté le 31 octobre 2023).
« Guerre des Six-Jours : Nouvelles révélations sur le rôle de Hassan II dans la victoire d’Israël » [archive], sur Le Desk, 16 octobre 2016
Ignacio Cembrero, « Un « Wikileaks marocain » qui secoue le pouvoir – Le monde vu à travers le prisme du Sahara occidental » [archive], sur Orient XXI, 15 décembre 2014
Omar Brouksy, « Maroc. Normalisation avec Israël, une décision solitaire du roi » [archive], sur Orient XXI, 21 décembre 2020
« Trump accorde la Légion du mérite au roi du Maroc Mohammed VI » [archive], sur L’Orient-Le Jour, 16 janvier 2021
(en) Judah Ari Gross, « Israel, Morocco ink deals, agree to reopen mutual liaison offices within weeks » [archive], sur Times of Israel, 22 décembre 2020
« Le cas israélien divise à nouveau l’Union africaine », Le Monde.fr,‎ 20 février 2023 (lire en ligne [archive], consulté le 19 mars 2023)
Khadija Mohsen-Finan, « Algérie-Maroc, les enjeux de la rupture » [archive], sur Orient XXI, 31 août 2021
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