Maroc-gate: L’enquête bousculée par un scandale

Un policier travaillant sur l'enquête sur l'affaire Qatargate présumée de députés européens par le Qatar et le Maroc a effectivement discuté de cette enquête avec un suspect, confirme le ministère public.

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« Panzeri ment, nous le savons » : L’enquêteur en chef de l’affaire Maroc-gate qualifie le témoin clé de menteur

Un enquêteur du scandale de corruption au Parlement européen a qualifié le témoin clé Pier Antonio Panzeri de menteur. L’agent aurait fait ces déclarations lors d’une conversation avec l’un des suspects, Francesco Giorgi, qui l’a secrètement enregistrée. Les accusations du repenti Panzeri contre les membres du Parlement européen vacillent ainsi, selon ‘La Libre Belgique’ et ‘De Standaard’.


Un policier travaillant sur l’enquête sur la corruption présumée de députés européens par le Qatar et le Maroc a effectivement discuté de cette enquête avec un suspect, confirme le ministère public. Le ministère public souligne qu’il ne prend pas simplement les déclarations d’un témoin clé pour argent comptant, mais vérifie leur véracité. De plus, une enquête sur l’enquête elle-même est en cours pour déterminer si elle se déroule correctement.

Panzeri est considéré comme l’élément central d’un réseau qui aurait aidé le Qatar et le Maroc à gagner de l’influence au Parlement européen. Les deux pays auraient tenté d’influencer les décisions et les résolutions du Parlement européen par le biais de son ONG Fight Impunity. En échange d’argent et d’autres faveurs, Panzeri et certains députés européens et collaborateurs auraient cherché à orienter les votes en faveur de ces pays. Après son arrestation, Panzeri aurait convenu de tout dire à la justice en échange d’une peine réduite.

Dans ce dossier, surnommé ‘Qatargate’, Panzeri, son bras droit Francesco Giorgi, le partenaire de celui-ci et vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, le lobbyiste italo-bruxellois Nicolo Figa-Talamanca, le député européen belge Marc Tarabella et le député européen italien Andrea Cozzolino ont été inculpés. Le nom de la politicienne PS Marie Arena apparaît également dans le dossier, mais elle n’a pas encore été inculpée.

Panzeri a accepté le statut de repenti dans le dossier, et lors de ses interrogatoires, il aurait admis que Tarabella devait recevoir un total de 250 000 euros d’ici la fin de la législature, en 2024. Le député européen conteste fermement cela. La défense d’Eva Kaili maintient également son innocence.

La défense de la politicienne grecque a également demandé une vérification de la régularité de la procédure. Selon ses avocats, les règles de droit européen sur l’immunité parlementaire ont été violées lors de l’ouverture d’une enquête judiciaire, et la justice belge aurait dû demander la levée de son immunité parlementaire dès l’été 2022. La chambre du conseil de Bruxelles se penchera sur la régularité de l’enquête à partir du 14 mai.

Francesco Giorgi et son avocat, Pierre Monville, présentent maintenant un nouvel élément dans cette procédure devant la chambre du conseil, à savoir une conversation que Francesco Giorgi a eue avec un enquêteur de la police fédérale à son insu. Selon les journaux mentionnés précédemment, cette conversation a eu lieu le 3 mai, lorsque les enquêteurs sont venus restituer le téléphone portable de Giorgi, saisi lors d’une perquisition le 27 avril.

Lors de cette perquisition, les enquêteurs avaient saisi les notes que Giorgi avait prises sur l’affaire pour son avocat. Selon l’enregistrement de la conversation, consulté par De Standaard et La Libre Belgique, Giorgi se plaint de cela et estime que les enquêteurs n’avaient pas le droit de saisir la correspondance confidentielle entre lui et son avocat.

Cependant, Giorgi se plaint également du fait que les enquêteurs semblent croire Panzeri sur parole. C’est à ce moment-là que l’enquêteur fait certaines déclarations remarquables : « Panzeri ment, nous le savons. Et nous allons faire le nécessaire pour qu’il perde son statut de repenti », affirme-t-il.

Et aussi : « Ne croyez pas que parce qu’il parle, nous le croyons simplement. Nous ne croyons rien de ce qu’il dit. Nous savons très bien qu’il se moque de nous. (…) Tout cela va exploser. Et il devra en assumer la responsabilité. Je sais qu’il nous ment. »

Le porte-parole du parquet fédéral, Eric Van Duyse, réagit aux déclarations présumées de l’enquêteur. « Cette conversation a été enregistrée à l’insu de ce policier. Le parquet fédéral tient à souligner que l’enquête consiste notamment à vérifier la véracité des déclarations d’un repenti et si elles sont conformes aux exigences de la loi. »

« De plus, il y a actuellement une procédure en cours devant un organe judiciaire indépendant, la chambre du conseil, qui examine la légalité de certaines actions d’enquête », ajoute-t-il. « Les conclusions qui découleront de l’arrêt seront bien sûr prises en compte dans le cadre de la poursuite de l’enquête. Le parquet fédéral souhaite maintenir le débat judiciaire à la bonne place et conserve sa position pour l’instance judiciaire compétente. »

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