Coup d’État au Niger et nécessité de prudence

La pauvreté et l'insécurité a poussé au coup d'Etat au Niger.

L’épouvantail des coups d’État militaires qui déferlent sur la sous-région de l’Afrique de l’Ouest présente des signes inquiétants d’un abandon progressif des idéaux démocratiques. La tentative apparemment désespérée de réactiver l’option abandonnée des régimes militaires qui dominaient autrefois le paysage politique, malgré ses implications néfastes, est, à notre avis, inquiétante.

La sous-région, assiégée par le terrorisme et le banditisme, commence à être aux prises avec des coups d’État. Des gouvernements démocratiquement élus au Mali, en Guinée et au Burkina Faso ont déjà été renversés. Et maintenant la République du Niger.

L’insurrection qui a entraîné la République du Niger dans l’orbite des pays sous la botte s’est produite lorsqu’un groupe de soldats, dirigé par le chef de la garde présidentielle de ce pays, Abdourahmane Tchiani, à la fin du mois dernier, a renversé le gouvernement démocratiquement élu de Mohammed Basoum et pris le pouvoir.

Pour rappel, le Niger est un pays enclavé de 1 270 000 km2 (490 000 milles carrés), ce qui en fait le plus grand pays enclavé d’Afrique de l’Ouest. Plus de 80 pour cent de sa superficie se trouve dans le Sahara. Sa population majoritairement musulmane est estimée à environ 25 millions d’habitants. Le pays est aux prises avec deux insurrections islamistes – l’une dans le sud-ouest, venue du Mali en 2015, et l’autre dans le sud-est, impliquant des jihadistes basés dans le nord-est du Nigeria. Ainsi, lorsque la nouvelle s’est répandue selon laquelle un autre coup d’État avait eu lieu au Niger, ce qui en faisait le quatrième coup d’État réussi dans la sous-région au cours des trois dernières années, l’anxiété s’est emparée de la communauté internationale.

En réponse, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les Nations Unies (ONU), l’Union européenne, l’Union africaine (UA) et la communauté internationale en général ont toutes dénoncé cette prise de pouvoir par la force et imposé différents niveaux de sanctions. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, en condamnant le coup d’État, a désapprouvé toute tentative de prise du pouvoir par la force qui porterait atteinte à la gouvernance démocratique, à la paix et à la stabilité au Niger. Il a exhorté tous les acteurs concernés à faire preuve de retenue et à garantir la protection de l’ordre constitutionnel.

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La CEDEAO a peut-être imposé les sanctions les plus sévères contre les putschistes. À la suite de son 55e sommet de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement à Abuja, la région a ordonné la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les États membres et la République du Niger. L’Autorité a également, après cette réunion, lancé un ultimatum de sept jours à l’armée de la République du Niger pour rétablir le président déchu Muhammed Bazoum dans ses fonctions.

L’organisme régional ouest-africain, entre autres sanctions, a ordonné le gel de toutes les entreprises et sociétés parapubliques de la République du Niger dans les banques commerciales de tous les États membres de la CEDEAO et a restreint l’accès du Niger aux institutions de la CEDEAO ainsi qu’une zone d’interdiction de vol à tous les vols commerciaux à destination et en provenance du Niger.

Cependant, les soldats qui ont pris le pouvoir et ont continué à détenir le président Bazoum en otage sont restés inflexibles alors que Tchiani, 62 ans, s’est annoncé comme chef d’un gouvernement de transition et chef de l’État. Les conspirateurs insistent sur le fait que le coup d’État a été mené pour endiguer « la disparition progressive et inévitable » du pays. Ils ont fustigé le président déchu pour sa mauvaise gestion du défi sécuritaire dans le pays ainsi que pour la pauvreté abjecte qui sévit dans le pays en raison d’une économie médiocre.

En réaction au coup d’État, le président Bola Tinubu, qui est également président de la CEDEAO, a déclaré qu’un changement de gouvernement anticonstitutionnel dans ce pays est inacceptable à une époque où des efforts concertés sont déployés pour stabiliser la sous-région et faire respecter les principes de la démocratie et la bonne gouvernance.

Suite à l’ultimatum lancé par la CEDEAO aux putschistes au Niger, les putschistes ont averti que toute intervention militaire contre leur détermination à sauver leur pays du chaos serait combattue.

Nous sommes attristés par cette vague de coups d’État en Afrique de l’Ouest, au moment où la région tente de consolider la démocratie. Nous dénonçons fermement les prises de pouvoir militaires et nous joignons au reste de la communauté mondiale pour appeler au rétablissement de la démocratie au Niger et dans d’autres pays en proie à des coups d’État.

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Nous appelons également la CEDEAO et d’autres organismes régionaux, dont les Nations Unies, à faire preuve de prudence dans la manière dont ils traitent cette affaire délicate au Niger afin d’éviter un effondrement de l’ordre public. La perspective d’une intervention militaire au Niger pourrait aggraver la situation dans le pays et le plonger dans la guerre civile. Nous pensons que les engagements diplomatiques avec les usurpateurs du pouvoir au Niger pourraient contribuer grandement à faire pression sur eux pour qu’ils fixent un calendrier pour le retour de la démocratie.

En attendant, il est pertinent de souligner que la démocratie, dans la sous-région, n’a pas généré les bénéfices escomptés en matière de développement économique et infrastructurel. C’est, à notre avis, le facteur causal que les intérêts étrangers exploitent pour susciter le type de scénario qui se joue au Niger et ailleurs. La bonne gouvernance, à notre avis, est le seul moyen de garder les soldats dans leurs casernes.

#Niger #CEDEAO #InterventionMilitaire

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