L’ÉVOLUTION DE LA RELATION HISTORIQUE VERS LE PARTENARIAT STRATÉGIQUE

© Auteur Copyright exclusif Abdellah MEHREZ directeur Maghreb- Afrique http://pkb-international.org Email : pkbpresse@gmail.com



POUR LE DÉVELOPPEMENT, LA DIGNITÉ, LA PAIX, LA PROSPERITÉ, LA STABILITÉ ET LA SECURITÉ DE L’AFRIQUE

« Le Royaume du Maroc a toujours inscrit les intérêts vitaux de notre grand Continent et la coopération avec les pays africains frères au premier rang de son action extérieure, privilégiant une coopération Sud-Sud solidaire et mutuellement bénéfique, pour la réalisation d’un développement humain durable, source de préservation de la dignité de nos populations africaines et contribution active à leur épanouissement, dans la paix et la sécurité.»

Extrait de l’Allocution de Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Samedi 16 mars 2013 lors de la Visite Officielle et du Diner Officiel offert en Son Honneur par Son Excellence MACKY SALL, le Président de la République du Sénégal.
Préambule :

Le 25 Mai c’est l’occasion de la célébration de la Journée de l’Afrique, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération a inauguré la place de l’Union africaine. Il a procédé, à cet effet, à la pose d’une stèle commémorative. Un geste fort à travers lequel le Royaume réaffirme son attachement profond à l’Afrique comme il l’exprime :

«La célébration de la Journée de l’Afrique est l’occasion idoine pour concrétiser la solidarité et l’engagement du Maroc vis-à-vis de son entourage africain ainsi que sa détermination à soutenir les grandes causes du continent dans la réalisation du développement et de l’intégration dont a besoin le peuple. Le Maroc a de tout temps été tourné vers l’Afrique. Il a toujours eu de bonnes relations avec l’ensemble des pays. Aujourd’hui, la volonté du pays de rendre plus intenses ses relations avec les pays africains est clairement affichée au plus haut niveau de l’État. En témoignent les efforts déployés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. D’ailleurs, la récente tournée du Souverain en Afrique en est l’exemple concret. «Une initiative ayant pour but la promotion de la coopération Sud-Sud» le Matin 25 Mai 2013.

Aujourd’hui le Maroc plus que jamais est appelé à jouer un rôle d’intégration de l’Afrique dans son espace régional et international et faire valoir sa polyvalence culturelle pour réussir des médiations stratégiques, et inaugurer 50 ans après la décolonisation une nouvelle approche des relations euro-africaines fondés sur le respect, la réciprocité et la solidarité.
Le modèle de gouvernance et de développement du Maroc synthèse des apports africains et européens peut contribuer à solutionner des situations complexe comme au sahel et au Mali, et permettre une nouvelle approche du partenariat économique, commercial, industriel ou technologique euro-africain moyennant la valeur ajoutée interculturelle des entreprises marocaines.
Le Maroc au Carrefour des Continents et des Civilisations :

Porte d’accès de l’Afrique en Europe, en Orient et aux Amériques le Maroc de par sa position stratégique et son histoire dynastique est la terre des rencontres et des échanges au carrefour des continents, des cultures et des civilisations du Nord et du Sud, de l’Occident et de l’Orient, de l’Europe et de l’Afrique.
L’Afrique intéressait déjà les explorateurs avec l’expédition maritime du Général Carthaginois Hannon vers 500 AV JC qui a fait le départ de Tanger, passait par Safi et Agadir et arrivait alors jusqu’au fleuve du Sénégal, au Golfe de Guinée et aux rivages du Cameroun.

conquérants, les commerçants et les missionnaires Phéniciens, Carthaginois, Grecs, Romains, Vandales, Juifs ou Chrétiens fascinés par son emplacement, éblouis par ses richesses et interpelés par ses opportunités se sont donc succédés dans ce pays qui a connu le brassage le plus impressionnant et le plus fécond des temps modernes et anciens.

Et même vis-à-vis des puissances de Rome et de Carthage en compétition lors des interminables Guerres Puniques (280-150 AV JC) le Maroc appelé alors Mauritanie Tingitane sous l’autorité des rois berbères de Juba ou de Bocchus jouait savamment ses intérêts et ses neutralités, et bénéficiait alors d’un traitement de faveur d’un allié souverain et non d’un vassal soumis qui avait le privilège de battre sa propre monnaie et de lever ses propres armées.

Avec l’arrivée des arabes et le grand métissage avec les amazighs s’installe progressivement une communauté de foi où le Maroc va acquérir un statut régional particulier comme point de départ de la conquête musulmane de l’Europe et de l’Afrique essentiellement opérée par des dynasties amazigh marocaines.

Dans le sillage du nouveau pouvoir politique régional marocain se développe alors une puissance économique et militaire qui contrôle les voies commerciales africaines et euro- méditerranéennes et impose sa monnaie en or massif comme devise refuge des transactions internationales.

Le Maroc devient ainsi le principal pourvoyeur transcontinental en or, en sel, en argent et en ivoire et le promoteur à son heure de gloire des échanges commerciaux et financiers entre l’Afrique, l’Europe et l’Orient.

Au même temps le Maroc s’imposait comme centre intellectuel, scientifique, culturel et spirituel de référence dans l’Occident musulman qui rayonnait de l’Andalousie jusqu’au Grand Sahara africain.

La Profondeur Historique et Stratégique Africaine du Maroc :

Dès le Haut Moyen Age, la profondeur stratégique africaine est primordiale à la genèse du Maroc en tant que premier Etat- nation de l’espace euro-méditerranéen où la composante majeur de l’identité plurielle marocaine, unique et exceptionnelle dans son environnement régional.

En effet, selon les époques, les dynasties marocaines résultaient d’un métissage afro- berbère et andalou-méditerranéen pour les Almoravides, les Almohades, les Mérinides et les Ouattasides ou arabo-chérifien pour les Idrissides, les Saâdiens et les Alaouites.

Ainsi les origines de ces dynasties marocaines sont toujours reliées directement à l’Afrique par leurs racines sahariennes ou indirectement par les alliances politiques et militaires au Grand Sud du Maroc avec les puissantes tribus afro-berbères des Sanhadja, des Aït Baâmrane, des Rguibat, des Teknas, des Oulad Dlim, des Zenagas, des Lamtouna, des Ghoumara qui nomadisaient au Grand Sahara.

Ces tribus liées par des pactes d’allégeance au souverain marocain conservent encore ces précieuses traces des relations avec le pouvoir central marocain à Bechar, à Tindouf, à Nouakchott, à Saint Louis, à Tombouctou ou à Gao que les historiens objectifs et consciencieux ne peuvent contester.

D’autres tribus arabo-berbères de Awraba, de Maknassa, de Nafoussa, des Zemmour, des Bni Mtir, des Gerouane, des Mermouchas, des Chaouias, des Doukkala, des Abda, des Bni Yeznassen, des Chiyadma, des Habt, des Bni Hilal et des Bni Salim s’installaient dans les montagnes, les côtes et les plaines et constituaient les principaux partenaires commerciaux du grand sud et de l’Afrique subsaharienne.

Les Routes Commerciales Marocaines et Subsahariennes :

Et pour cause, la maitrise des routes commerciales entre le Maroc et le Grand Sahara qui s’étendaient aux fleuves du Sénégal et du Niger et au Mali et le ralliement des puissantes tribus transahariennes était un enjeu de puissance et de souveraineté du pouvoir marocain quelle que soit la dynastie dans son espace africain vital.
Cette dynamique de l’espace économique transaharien gravitait autour de Marrakech la capitale Almoravide et surtout de la cité de la région de Meknès Tafilalet et de Sijilmassa cité-état dès le 8 siècle et grande place l’Afrique subsaharienne à la Méditerranée et à l’Europe.

Et cet apport africain multiforme au Maroc constituait un facteur déterminant de sa puissance régionale et de son influence internationale incontestée à l’apogée des empires marocains qui s’étendaient de l’Andalousie au Sénégal, au Niger et au Mali, et de l’Atlantique à l’Algérie, à la Tunisie et à Libye actuels.



L’Intérêt Marocain Stratégique pour le Sud et l’Afrique Subsaharienne :

La chute de Grenade et la reconquête catholique en Espagne et l’arrivée des Ottomans jusqu’en Algérie exposait le Maroc à une pression d’intimidation coloniale inédite sur ses côtes méditerranéennes et atlantiques et sur sa frontière à l’Est.

Et ce repli de l’Andalousie qui commençait à la fin de la dynastie Almohade et surtout Mérinide s’est confirmé définitivement avec les Saâdiens qui ont mis le cap sur l’Afrique subsaharienne où s’est installé une partie des musulmans expulsés d’Andalousie.

Ainsi le Maroc renouait avec sa profondeur africaine et intensifiait ses échanges avec l’empire conquis du Songhaï qui couvrait le Mali, le Cameroun et le Niger actuels. D’où le métissage andalou et arabo-berbère dans des villes africaines telles que Tombouctou ou Gao fondées par les marocains.

Cet avantage comparatif et concurrentiel où le Maroc contrôlait le commerce Euro Africain devait continuer à lui profiter un peu juste après la découverte du nouveau monde, et le changement radical de rapport de force entre l’Orient désormais conquis et l’Occident nouveau conquérant.

Avec les explorations maritimes et géographiques voient le jour les nouveaux empires coloniaux espagnols, portugais, britanniques et plus tard français et hollandais, l’expansion du mercantilisme, et surtout l’émergence du nouvel axe du commerce triangulaire des marchandises européennes, des ressources américaines et des esclaves africains.


Amérique, l’extension de la colonisation de l’Afrique, la dislocation des liens historiques et des solidarités ancestrales du continent africain arbitrairement morcelé au gré des intérêts des lobbies et des arrangements des puissances d’occupation.

Le Rayonnement Culturel et Spirituel du Maroc en Afrique :

Mais l’intérêt économique bien qu’important ne pouvait pas éluder la puissante communauté de destin maroco africain renforcée par un métissage humain, familial et culturel qui puisait sa constance dans l’autorité naturelle et spirituelle de l’Islam marocain sunnite d’obédience soufie ouvert et tolérant qui sert de modèle d’adhésion et de ralliement africain, et qui a donné naissance à des confréries en Maghreb, au Sénégal, au Niger, au Mali, au Cameroun, et même en Egypte d’inspiration marocaine.
L’université des Karaouiyine première du monde fondée à Fès en 877 par une femme était un centre de rayonnement international polyvalent qui attirait les étudiants et les élites du monde entier et surtout de l’Afrique.
Cette université était un phare de l’Islam marocain qui séduisait les africains dont la plupart des confréries soufis considéraient Fès comme une ville sainte où les adeptes se rendent en en pèlerinage car le souverain marocain avait aussi un pouvoir spirituel influent sur l’Islam en Afrique.
D’où l’importance de l’audience accordée par SM le Roi Mohammed VI lors de sa dernière visite au Sénégal, en Côte d’Ivoire et du Gabon aux imams musulmans, aux confréries soufies et aux autres prêtres des églises chrétiennes.


ne se limite pas à une frontière géographique mais la dépasse à une vision stratégique, à une relation politique, à un ralliement spirituel et à un engagement éthique qui trouve son dosage subtil dans l’institution de la commanderie des croyants.
Celle-ci cimente un pacte sacré entre le souverain et la population abstraction faites des contingences géopolitique du moment qui déstructure les relations en période de colonisation.
D’ailleurs au plus fort du protectorat au Maroc, la France et l’Espagne ne pouvaient pas ignorer la puissance réelle et symbolique de l’allégeance des souverains marocains et des conséquences que cela signifiaient sur la reconnaissance de l’autorité et de la légitimité sur l’ensemble des territoires occupés.
Et quand le Sultan Mohammed V avait refusé de donner son aval aux politiques de la résidence il fut exilé à Madagascar où il fut accueilli eu égard à sa descendance chérifienne avec beaucoup de révérence par la communauté musulmane dans ce pays lointain
Les tribus nomadisant au Grand Sahara avaient coutume depuis des siècles d’exprimer leur allégeance au pouvoir marocain central à Marrakech ou à Fès selon les époques, et recevaient des titres, des fonctions et des distinctions sous forme de « Dahir » ou « Décret » royaux du souverain marocain qu’ils conservaient précieusement et se transmettaient de génération en génération.

Cette tendance préférentielle pour l’Afrique s’est confirmé avec les souverains Alaouites notamment le Sultan Moulay Ismaël qui a constitué une garde africaine et depuis les liens maroco africains se sont intensifiés et diversifiés.

La Longue Lutte Marocaine pour la Décolonisation Africaine :

L’engagement du Maroc contre la colonisation en Afrique est intimement lié à son histoire de résistance dès le 15 siècle contre le colonialisme espagnol et portugais, et plus tard contre le colonialisme français, notamment à travers le soutien du sultan Moulay Abderrahmane à l’Emir Abdelkader qui a provoqué l’attaque du Maroc par le Général Bugeaud à la bataille d’Isly le 14 Août 1844.


marocains perdus sur le champ d’honneur le Maroc a subi l’annexion d’une partie de ses territoires à l’Est par la France à sa colonie algérienne en représailles de son aide aux premiers efforts de libération de l’Algérie.

Cette pression sur l’Etat marocain qui résistait sur tous les fronts au Nord contre les Espagnols, à l’Est contre les Ottomans puis les français et à l’Ouest contre les Portugais épargnait le grand Sud qui constituait le rempart et la profondeur stratégique et il était jusqu’au XIX siècle entièrement sous la souveraineté marocaine incontestée.
Ainsi tout au long du XIX siècle et au plus fort de la colonisation française le Maroc et face à toutes les épreuves a réussi à préserver son indépendance malgré quelques pertes et va continuer à défendre son intégrité territoriale et ses frontières tout au long du règne du Sultan Moulay Hassan I qui mourra d’ailleurs vers 1894 dans le champ de bataille.
Après quoi la convoitise coloniale pour occuper le Maroc s’aiguise, la régence du Chambellan Ba Ahmad percepteur du jeune Sultan Moulay Abdelaziz à peine âgé de 11 ans n’a pas suffi pour dissuader les stratagèmes européens, d’où le lourd endettement du pays qui serait l’introduction à la Conférence d’Algésiras en 1906 qui impose l’intervention européenne au Maroc et un double protectorat français au Centre, à l’Est et l’Ouest et espagnol au Nord et au Sud.
La résistance contre les deux occupations n’a pas tardé à se manifester et à s’organiser partout au Maroc et en particulier avec la lutte de Abdelkarim El Khattabi avec un certain succès dont la mémorable bataille d’Anoual en Juillet 1921 où les combattants marocains estimé à 3000 ont défaits l’armée espagnole comptant 30.000 qui n’a pas hésité à utiliser les armes chimiques pour venir à bout de cette résistance, mais en vain.
Cette expérience de résistance marocaine a inspiré tous les mouvements de libération en Afrique et dans le monde de l’Amérique Latine jusqu’en Asie et en Australie.
En réalité, le Maroc qui fût à son apogée une puissance crainte et respectée est aussi le pays qui a subi deux protectorats qui ont laissé après leur départ en suspens l’achèvement de la libération de ses territoires.

indiscutable pour tous les marocains et pour tous les justes.

Cette légitimité de revendication marocaines est attestée par les puissances coloniales elles- mêmes bien avant la colonisation puisqu’elles savent qu’elles ont imposé des frontières arbitraires et artificielles contre toute logique géographique, humaine, sociale, culturelle ou économique avérée, et comme c’est toujours le cas pour les villes de Ceuta et de Mellilia et les iles occupées au Nord du Maroc ou du tracé provisoire de la frontière à l’Est.
C’est dire que le Maroc était sur cinq siècles le pionnier des mouvements de libération en Afrique sur le long chemin vers l’indépendance qui ne sera couronné de succès pour la plupart des pays africains qu’à la seconde moitié du XX siècle marqué par le combat héroïque des leaders africains et de grandes figures emblématiques de la libération.

Ces hommes de conviction et d’exception furent au Maroc Feu SM le Roi Mohammed V et le Prince Moulay Hassan, Ahmed Sékou Touré en Guinée, Patrice LUMUMBA du Congo Démocratique, Nelson MANDELA de l’Afrique du Sud, Léopold Cedar SENGHOR du Sénégal, Kwame NKRUMAH du Ghana, Modibo KEITA du Mali, Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire, Julius Nyerere de la Tanzanie et Jumoh KENYATA du Kenya sans oublier les pionniers de la lutte égyptiens, marocains et algériens.

Comme on l’a vu, le long chemin de la liberté africaine initié au Maroc était balisé par des dizaines de milliers de martyrs et bien des combattants pour la liberté, tout au long du XIX siècle et au début du XX siècle que furent Al Amir Abdelkader en Algérie, Ahmed Orabi en Egypte, Abdelkarim EL Khattabi au Maroc, Omar Al Mokhtar en Libye et Ferhat Hachad en Tunisie et un nombre impressionnant de soldats inconnus, de patriotes ou encore des justes européens insurgés contre la colonisation.

Aujourd’hui au cinquantenaire de l’indépendance de la plupart des pays africains rend un vibrant hommage reconnaissant aux libérateurs de l’Afrique et tire sa révérence à l’initiative du Feu SM Mohammed V et à ses compagnons africains de libération qui ont lancé l’appel de



Le Combat de Libération Africaine du Feu le Roi Mohammed V :

Depuis 1956, à l’aube des indépendances des pays africains et durant les années 1960, Feu SM Mohammed V était perçu comme un leader et un symbole de la libération de l’Afrique adulé du Sénégal à Madagascar.
La diplomatie du Roi Mohammed V se fondait sur trois principes à savoir, le soutien aux peuples colonisés, l’engagement pour l’intégrité territoriale nationale, la consécration de l’autonomie, la souveraineté et l’émancipation du Maroc de la colonisation, et rejoins à cet effet le mouvement des non-alignés à Bandoeng.
Et en 1958 il convoque au Ghana la première conférence des Etats indépendants de l’Afrique à Accra.

Ainsi, le Maroc soutenait sur le plan politique et financier voire militaire les divers mouvements nationaux de libération d’Angola, du Mozambique, de la Guinée Bissau, ou de l’ANC de l’Afrique du sud qui avait sa représentation au Maroc, et surtout le Front de Libération National de l’Algérie dont le groupe de Oujda constituait les principaux leaders réfugiés soutenus sur tous les plans par le Maroc.

En 1960 se tenait à Casablanca la toute première conférence des États africains indépendants, devenue par la suite annuelle du nom de « Groupe de Casablanca », à laquelle participèrent plusieurs chefs d’Etat. Ses conclusions serviront ensuite de base à la création définitive de l’OUA en 1962 où le Maroc jouera un rôle fondateur.

Le Maroc était aussi le premier à répondre à l’appel des Nations Unies pour stabiliser la situation au Congo en 1960 à peine libéré et pour mettre fin aux violences surgies suite à l’assassinat au Katanga de Patrice Lumumba, premier ministre, en juillet 1961, le Maroc à la demande de l’ONU expédia un contingent militaire pour le maintien de la paix dans ce pays.




L’APPEL DE CASABLANCA :
En janvier 1961, à l’invitation du Feu SM le Roi MOHAMED V, le Ghana, la Guinée et le Mali,
discutent de la charte de Casablanca qui met en relief les problèmes politiques.

Pour ce groupe il s’agit de « faire triompher les libertés dans toute l’Afrique, réaliser son unité et cela dans le cadre du non-alignement, de la liquidation du colonialisme et du néocolonialisme sous toutes ses formes ».

Feu SM le Roi Mohammed V oppose le principe de « l’Afrique aux Africains ». C’est ainsi qu’il convoque la Conférence de Casablanca pour étouffer le néocolonialisme » en Afrique et pour préserver le continent du marchandage et de l’affrontement entre les superpuissances.

La Conférence de Casablanca regroupe autour de Feu SM le roi Mohammed V les leaders africains les plus engagés dans le combat pour une Afrique débarrassée de toute emprise néocolonialiste parmi lesquels Jamal Abdel Nasser (Egypte), Ferhat Abbas (Algérie), Mohammed Allam (Libye), Modibo Keita (Mali), Kouamé Nkrumah (Ghana), Ahmed Sékou Touré (Cameroun) qui rencontrent les mouvements nationalistes des colonies portugaises du 18 au 20 Avril 1961. C’est la naissance du groupe de l’Afrique progressiste de Casablanca dont l’action conduira à la création de l’Organisation de l’Unité Africaine en 1963.

Mais l’opposition de certains pays aux revendications des territoires marocains historiques et la guerre des sables provoquée par le nouveau pouvoir en Algérie indépendante allaient décevoir le Maroc et retarder son adhésion à l’OUA qui a introduit dans sa charte une clause que le Maroc allait refuser qui consiste à conserver les frontières artificielles héritées du départage inique colonial.


La Conférence de Casablanca proposait pour le Congo le retour à la légalité et au respect de la constitution, la libération des prisonniers politiques, le désarmement des bandes armées, la cessation de toute aide aux rebelles, l’évacuation des troupes belges et la tenue d’une conférence nationale de réconciliation entre les différentes factions du pays.

Mais au-delà du problème congolais, Feu SM le Roi Mohammed V visait plus loin. Il assignait à la Conférence de Casablanca des objectifs essentiels pour l’avenir du continent, à savoir :

Liquidation du régime colonial par la libération des territoires encore colonisés et leur accession à une indépendance authentique.

Élimination de toute forme et de tout système de ségrégation raciale.

Lutte contre le néocolonialisme sous tous ses aspects et dénonciation de ses nouvelles méthodes de mystification.

Consolidation et défense de l’indépendance des États africains libérés. Édification de l’Unité de l’Afrique.
Affirmation de la politique du non-alignement du continent africain.

Évacuation de toutes les forces d’occupation en Afrique.
Opposition à l’utilisation du continent africain pour des expériences nucléaires.

Opposition à toute ingérence étrangère dans les affaires africaines. Action pour la consolidation de la paix d’ans le monde.

Feu SM le Roi Mohammed V propose, pour la mise en oeuvre des principes ainsi définis, un certain nombre de mécanismes politiques et administratifs. C’est ainsi que furent créés :

Une assemblée consultative africaine ayant un siège permanent.

Quatre comités de coordination s’occupant des questions politiques, économiques, culturelles, et de défense.

Un bureau de liaison entre ces différents organes.

Feu SM le Roi Mohammed V et son continuateur Feu SM le Roi Hassan II, accordèrent, conformément aux principes ainsi définis, tout leur appui aux mouvements de libération africains sans exception.