Khadija Riyadi, personnalité de l’année 2009

En cette annus horribilis pour les libertés et les droits au Maroc, Mme Khadija Riyadi, présidente de l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH), mérite, à mon sens, le titre de la personnalité de l’année 2009.
Dans un pays où les élites ont détourné le regard sur le combat pour les libertés et fermé les yeux sur les exactions commises par le pouvoir, Khadija Riyadi et à travers elle l’AMDH, s’est toujours rangée du côté des victimes et de leurs familles.
Farouchement indépendante et animée d’une réelle conviction, Madame Riyadi appartient à cette espèce rare de femmes et d’hommes politiques qui ont su se tenir à l’écart de la courtisanerie, de la lâcheté et de la prostitution politique. Quand tout ce que compte le Royaume d’élites courraient derrière les privilèges liés la proximité du pouvoir, à commencer par la proximité avec l’ami du roi et son parti, Khadija Riyadi a préféré la fréquentation et le soutien des pauvres, des laissés-pour-compte et de ce qui reste encore de contestation sociale. C’est son monde, c’est sa vie.
Quand des manifestants ont été malmenés, des journalistes et blogeurs arrêtés et des publications interdites et qu’ils n’ont eu en guise de réponse de l’élite politique et associative qu’un silence assourdissant, Khadija Riyadi a été parmi les premiers à cogner, à grogner, à taper sur la table et à donner la voix pour exiger le respect du droit à la liberté d’expression.
Quand des militants des droits de l’homme, et pas les moindres, ont préféré s’abstenir de défendre les islamistes, parce qu’ils ne partagent pas leurs idées, Khadija Riyadi était parmi ceux qui ont tenu bon et les ont défendus parce que tout homme, tel qu’il soit, mérite d’être défendu.
Quand au nom d’on ne sait quel consensus national, des militants pacifistes sahraouis ont été opprimés et persécutés, l’AMDH de Khadija Riyadi a encore tenu bon parce que pour elle l’idéal des droits de l’homme se situe au dessus de toute considération nationaliste même légitime.
Quand certains défenseurs de libertés individuelles ont fermé les yeux sur la responsabilité de l’Etat marocain, Khadija Riyadi était parmi les rares qui ont défendu le droit des minorités sexuelles, religieuses et a-religieuses tout en restant crédible. Parce qu’elle agit au nom d’un idéal cohérent : on ne peut parler d’intégrisme religieux quand il s’agit des islamistes et faire preuve d’un formidable intégrisme institutionnel quand il s’agit du roi.
Depuis des années, Khadija Riyadi lutte pour la liberté et la dignité des hommes dans une société plébiscitaire gouvernée par un régime politique plébiscitaire. Avec courage et détermination et sans jamais renier ses idéaux. Telle est sa gloire. Son combat, fait d’abnégation et de dignité, et celui de ses collègues de l’AMDH et d’autres associations, mérite respect et admiration.
LARBI

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