Tunisie : L’avocat Chawki Tabib empêché de voyager pour représenter la Palestine à la CIJ

Amnesty a accusé le président tunisien Kaïs Saied d'avoir imposé une interdiction arbitraire de voyager à au moins 50 militants et hommes politiques depuis sa prise de pouvoir, dont Chawki Tabib.

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La Tunisie a refusé d’approuver toute action en justice contre Israël, arguant qu’une telle démarche constituerait une reconnaissance implicite d’Israël, rapporte The New Arab.

Les autorités tunisiennes auraient interdit au célèbre avocat Chawki Tabib de quitter le pays alors qu’il se rendait pour représenter le barreau palestinien dans l’affaire du génocide sud-africain contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ).

« C’est le seul jour où je souhaitais être hors de Tunisie », a écrit l’avocat tunisien et ancien chef de l’Autorité tunisienne de lutte contre la corruption (INLUCC) le 11 janvier après l’incident.

L’Association du Barreau palestinien a désigné le célèbre avocat tunisien comme représentant légal parmi l’équipe internationale d’avocats représentant la Palestine et soutenant le dossier de l’Afrique du Sud contre le génocide israélien à Gaza à La Haye.

« Avec l’autorisation du Barreau palestinien, j’ai déposé aujourd’hui, 6 décembre 2023, une plainte auprès du procureur de la Cour pénale internationale de La Haye contre des criminels de guerre, des tueurs d’enfants palestiniens et des dirigeants de l’entité sioniste », a annoncé Tabib en décembre 2023, lors de son dernier voyage à l’étranger avant de rentrer en Tunisie.

Tabib devait assister à des réunions de préparation au Koweït les 9 et 10 janvier avant de se rendre à La Haye.

Le média local Al-Hourria a indiqué qu’une interdiction de voyager avait été prononcée contre l’avocat en janvier à la suite d’une plainte déposée contre lui par le Free Bloggers Network, une organisation locale qui « dénonce la fraude et la corruption », selon les publications de sa page Facebook.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs commentateurs ont interprété l’interdiction de voyager imposée à Tabib comme une nouvelle tentative de l’État de réprimer les mouvements de ses opposants. Le groupe Amnesty a accusé le président Saied d’avoir imposé une interdiction arbitraire de voyager à au moins 50 militants et hommes politiques depuis sa prise de pouvoir.

Le New Arab a contacté Tabib pour plus de détails, mais il n’a pas répondu au moment de la publication.

En 2020, Elias Fakhfakh, alors Premier ministre tunisien, a démis de ses fonctions Tabib, le chef de l’INLUCC tunisien.

Le gouvernement n’a pas précisé les raisons du licenciement de Tabib, nommé à ce poste en janvier 2016.

Le limogeage de Tabib intervient quelques mois après que l’INLUCC a annoncé le renvoi des documents liés à la déclaration de patrimoine et aux soupçons de conflits d’intérêts contre le premier ministre Fakhfakh. À l’époque, plusieurs ONG et avocats avaient condamné la destitution de Tabib comme étant « anticonstitutionnelle ».

Depuis son limogeage, Tabib a fait l’objet de plusieurs plaintes, dont celle de l’ancien Premier ministre Fakhfakh, qui l’accuse d’avoir terni sa réputation à des « fins politiques ». Tabib a nié toutes les accusations.

En quittant l’INLUCC, Tabib s’est concentré sur sa carrière juridique, sans s’intéresser à la politique.

« Je n’ai aucun problème personnel avec le président Kais Saied. Cependant, j’ai été surpris de le voir approuver certaines décisions injustes prises à mon encontre. (…) J’ai été surpris car il n’a pas demandé justice pour moi », a déclaré Tabib dans une interview avec Arabi21 en 2022.

Le président Saied et son gouvernement ont refusé d’approuver toute action en justice contre Israël, arguant qu’une telle démarche constituerait une reconnaissance implicite de « l’entité sioniste » (Israël).

Cependant, un groupe d’avocats tunisiens devrait présenter des réclamations verbales en Israël à La Haye en février mais ne participera pas formellement à l’affaire, selon un communiqué de presse du ministère tunisien des Affaires étrangères du 10 janvier.

« Le pays a décidé de se joindre à ces auditions parce qu’elles vont au-delà de la qualification juridique des massacres de Gaza et abordent des questions fondamentales pour le peuple palestinien », ajoute le communiqué du ministère que de nombreux militants jugent confus et controversé.

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