La Turquie profite de la situation à Gaza pour frapper les Kurdes

La Turquie est déterminée à contrecarrer la création d’un État kurde, le considérant comme une menace importante pour sa souveraineté, son patrimoine culturel et son identité historique.

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Alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rend au Moyen-Orient pour tenter de contenir le conflit à Gaza entre Israël et le Hamas, la Turquie a continué de cibler les populations kurdes vivant dans le nord-est de la Syrie.

Au Rojava, une région autonome de facto du nord-est de la Syrie, l’armée turque a frappé des infrastructures vitales. Les bombardements turcs ont touché des infrastructures essentielles, notamment des centrales électriques, des réserves de carburant et des installations de production alimentaire, privant ainsi plus d’un million de personnes d’eau et d’électricité. Ces attaques semblent faire partie d’une stratégie visant à déplacer la population locale, favorisant une politique de turquification et étendant le contrôle turc sur ce territoire syrien.

Ankara s’est toujours opposée à l’idée d’un État kurde souverain, invoquant un mélange d’appréhensions historiques, politiques, sécuritaires et territoriales. La Turquie, qui abrite une population kurde considérable, principalement dans le sud-est, exprime sa crainte que la naissance d’un État kurde puisse enhardir les sentiments séparatistes à l’intérieur de ses frontières, incitant potentiellement à des conflits internes et mettant en péril l’unité territoriale de la nation.

La question kurde en Turquie est ancrée dans l’histoire, entachée par des conflits persistants sur les droits culturels, la représentation politique et l’autonomie. La Turquie estime que l’émergence d’un État kurde pourrait intensifier ces frictions historiques. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), engagé dans un conflit armé avec l’État turc depuis plusieurs décennies, est qualifié d’organisation terroriste par la Turquie et certains autres pays. La Turquie craint qu’un État kurde souverain ne devienne un refuge pour le PKK, présentant ainsi une menace directe pour sa sécurité.

En outre, la Turquie s’inquiète des effets que pourrait avoir l’indépendance kurde sur le paysage géopolitique déjà instable du Moyen-Orient. L’émergence d’un nouvel État pourrait potentiellement déclencher de nouveaux conflits et une instabilité supplémentaire dans la région. La position de la Turquie est encore compliquée par ses relations diplomatiques avec les États voisins et les puissances mondiales. Elle doit naviguer entre ses propres intérêts, les perspectives d’acteurs régionaux comme l’Iran et l’Irak, et ses alliances avec les pays occidentaux.

Les ressources naturelles jouent également un rôle ; les zones habitées par les Kurdes dans les pays voisins comme l’Irak regorgent de pétrole, et les implications financières d’un État kurde indépendant contrôlant ces ressources sont une préoccupation majeure pour la Turquie.

La Syrie est un facteur critique dans la question kurde. Comme la Turquie, l’Irak et l’Iran, la Syrie compte une importante population kurde, principalement dans le nord-est du pays. La guerre civile syrienne a permis aux Kurdes d’accéder à une certaine autonomie dans certaines régions, notamment au Rojava. Le vide de pouvoir créé par la guerre civile a permis aux forces kurdes d’affirmer leur contrôle sur des territoires importants. Ce changement est une source d’inquiétude pour la Turquie, car il pourrait encourager les efforts séparatistes kurdes à l’intérieur de ses propres frontières.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a des appréhensions particulières à l’égard du parti politique de gauche kurde syrien, le Parti de l’Union démocratique (PYD), et de sa branche militaire, les Unités de protection du peuple (YPG). Erdogan considère ces groupes comme des extensions du PKK.

Dans un récent rapport d’Arab News, des responsables turcs ont révélé l’assassinat ciblé de Sherwan Hassan, connu sous le nom de Roni Walat, un commandant kurde clé, dans le nord-est de la Syrie, signalant une offensive continue contre les dirigeants kurdes syriens. Hassan, fondateur des Forces d’autodéfense kurdes (HXP) et membre du Conseil militaire de Deir ez-Zor, a été assassiné par un engin explosif le 5 décembre, à la suite d’une réunion avec la coalition combattant l’État islamique (EI). selon l’ International Crisis Group.

Le rapport met en évidence une recrudescence de la violence entre 2016 et 2022 dans le nord de l’Irak et en Syrie, avec une escalade des affrontements entre les forces turques, les YPG et les affiliés syriens du PKK. Au cours de cette période, la Turquie a de plus en plus utilisé sa puissance aérienne, notamment ses drones armés, pour contrer les groupes liés au PKK.

Dans une manœuvre démographique notable, Abdulrahman Apo, un leader politique kurde, a déclaré que la Turquie avait facilité la relocalisation de 10 000 Palestiniens arabes à Afrin, une ville du Rojava sous contrôle turc, modifiant l’équilibre de la population et diminuant la présence kurde.

Suite à la prise d’Afrin par l’armée turque en mars 2018, une stratégie visant à promouvoir l’arabisation des territoires kurdes, un soutien financier important a été apporté par divers pays arabes.

En 2013, le PYD et les YPG ont formé trois cantons autonomes au Kurdistan syrien – Jazeera, Kobani et Afrin – et ont établi une administration kurde. Ces zones semi-autonomes ont été déclarées « région fédérale » par les autorités kurdes et arabes le 17 mars 2016. Cependant, la Turquie a lancé une offensive militaire contre les YPG à Afrin en janvier 2018, qui a abouti à l’expulsion des forces des YPG de la ville avec l’aide de mercenaires islamiques syriens.

Il est évident que la Turquie est déterminée à contrecarrer la création d’un État kurde, le considérant comme une menace importante pour sa souveraineté, son patrimoine culturel et son identité historique. Par conséquent, le peuple kurde reste dans un état perpétuel d’incertitude et d’oppression, une situation qui exige attention et résolution.

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