L’empire prospère du roi du Maroc

Le capital du roi augmente également à chaque fois que l'on fait ses courses dans le premier hypermarché du Maroc, Marjane.

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La holding du roi du Maroc est l’une des plus puissantes d’Afrique, avec des intérêts dans la banque, l’assurance, le tourisme et la téléphonie.

La fortune du roi Mohammed VI et de sa famille s’accroît chaque fois qu’un habitant du Maroc ou d’autres pays africains accomplit un simple acte de la vie quotidienne, comme déposer de l’argent à la banque Attijariwafa, la plus importante du pays et l’une des plus grandes du continent. Ou encore la souscription d’une police d’assurance auprès de sa filiale Wafa Assurance, premier assureur du Maroc.

Le capital du roi augmente également à chaque fois que l’on fait ses courses dans le premier hypermarché du Maroc, Marjane, qui compte 100 points de vente dans 30 villes, que l’on souscrit un contrat de téléphonie ou d’internet auprès du deuxième opérateur du pays (Inwi) ou que l’on séjourne dans un hôtel de la chaîne Atlas, présente dans les principales villes du Maroc.

La fortune du roi et de sa famille peut également profiter à une municipalité, une entreprise ou un particulier qui achète du ciment à la filiale marocaine du groupe franco-suisse LafargeHolcim, premier cimentier mondial, auquel le groupe d’affaires du monarque est associé. Ou lorsqu’on commande des matériaux de construction à la Sonasid (Société Nationale d’Siderurgie), première entreprise sidérurgique du Maroc.

Toutes ces sociétés appartiennent au groupe Al Mada, selon son site officiel, du moins jusqu’à mercredi, date à laquelle la page est devenue blanche. Ce fonds d’investissement a changé plusieurs fois de nom depuis sa création en 1966 sous Hassan II. Depuis 2018, il se présente comme Al Mada (perspective, en arabe) et a abandonné l’ancien nom SNI. Il se revendique comme l’un des plus grands fonds d’investissement du continent, déclare son siège à Casablanca et affirme que son identité est avant tout africaine.

Le nom du roi n’apparaît pas sur le site web du groupe. Cependant, le nombre des 24 pays africains dans lesquels il est présent se distingue par son ampleur.

Sept secteurs

Al Mada se développe dans sept secteurs, avec différentes participations détenues par le monarque et sa famille : les services financiers (Al Mada détient 46% d’Attijariwafa Bank, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique en 2020, citant l’agence de notation Fitch), les matériaux de construction, la distribution, l’exploitation minière (société Managem), l’immobilier et le tourisme, l’énergie (société Nareva) et les télécommunications (Inwi).

En outre, Al Mada possède une fondation du même nom par l’intermédiaire de laquelle le groupe a fait don en mars 2020 de l’équivalent de 200 millions d’euros au fonds spécial consacré au Maroc à la lutte contre le covid-19. Les médias locaux ont rapporté à l’époque qu’Al Mada avait fait ce don « sur instructions de Sa Majesté le Roi ». La fondation a également offert un million de masques FFP2 aux agents de santé du pays et distribué 50 000 paniers alimentaires au cours du mois de mai 2020.

Le groupe de la famille royale présentera à ses actionnaires, lors de la prochaine assemblée générale prévue le 25 mai, un résultat historique pour l’exercice 2020 équivalent à 302 millions d’euros, dépassant son précédent record établi en 2018, indique jeudi le site numérique Africa Intelligence, basé à Paris. Ce site, qui suit de près les comptes du roi, affirme que la pandémie n’a eu aucun effet sur Al Mada.

Les origines d’Al Mada remontent à deux autres groupes liés au Palais Royal et cotés à la Bourse de Casablanca : l’ONA et la Société Nationale d’Investissements (SNI). L’actionnaire majoritaire de la SNI était un autre groupe personnel du roi, appelé Siger (anagramme de Regis, le roi en latin), fondé en 2002. L’ONA et la SNI ont fusionné en 2010, sous le nom de SNI, et ont été retirées de la bourse. Cette année-là, Ahmed Benchemsi, alors rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tel Quel et aujourd’hui responsable du Maghreb et du Moyen-Orient pour Human Rights Watch (HRW), a prévenu que les Marocains ne pourraient plus suivre l’évolution de la fortune du monarque.

Un journaliste, qui préfère taire son nom, note : « La création d’Al Mada en 2018 était avant tout une opération marketing. Le Palais avait besoin de changer le nom précédent (SNI), trop lié à la famille royale. Et c’est tout ce qu’il a fait, changer le nom. Soixante pour cent de la SNI appartenait à Copropar, un groupe qui comprend les participations du roi (à travers les holdings Siger et Ergis), celles de son frère, Moulay Rachid (à travers Providence Holding) et celles de ses trois sœurs : Lalla Meryem (Unihold), Lalla Asma (Yano Participation) et Lalla Hasna (Star Finance) ».

A la page 20 des 330 pages du document correspondant à l’exercice 2019 de la société minière Managem, il est détaillé que 81,4% de Managem appartient à Al Mada. Et la page 21 montre la composition de l’actionnariat d’Al Mada : Copropar apparaît comme le propriétaire de 42% des actions d’Al Mada. Et Siger, comme propriétaire de 4,8% d’Al Mada.

Le journaliste précité précise : « Mohamed VI pourrait recevoir des bénéfices encore plus importants à travers Siger que ceux qu’il obtient de sa participation dans Al Mada. Car Siger lui appartient à 100%. Siger est composé de 70 filiales, qui ne sont pas enregistrées auprès d’Al Mada. Les sociétés de Siger sont actives dans le développement urbain, l’agriculture ou le tourisme, avec des hôtels de luxe… ».

Plusieurs sources marocaines ont déclaré à ce journal que le roi est le plus grand propriétaire foncier du pays, le plus grand propriétaire de terres urbaines et agricoles. Mais ces mêmes sources avouent n’avoir aucun moyen de le prouver.

Dans la liste des 500 plus grandes entreprises d’Afrique, publiée en 2020 par l’hebdomadaire Jeune Afrique sur la base des comptes 2018, Al Mada apparaît à la 37e place, derrière l’OCP, la grande entreprise publique marocaine de phosphates, qui n’est pas détenue par Al Mada et se trouve à la 14e place, avec la compagnie nationale algérienne d’énergie Sonatrach à la première place.

L’Afrique est le continent où Mohammed VI a effectué le plus de voyages officiels, une cinquantaine en 20 ans. L’objectif du roi sur le continent n’est pas seulement économique mais aussi géostratégique. Le Maroc cherche des alliés en Afrique pour lutter contre l’influence de l’Algérie, principal protecteur du Front Polisario, organisation avec laquelle il est engagé dans un conflit armé au Sahara occidental.

En 2011, les militants marocains du printemps arabe ont brandi des slogans visant le roi, tels que « le pouvoir ou la fortune ». En 2007, le magazine Forbes avait classé Mohammed VI au septième rang des monarques les plus riches du monde, devant Albert de Monaco (9e) et Elizabeth II d’Angleterre (12e). Plus tard, plusieurs médias ont rapporté que la fortune de Mohammed VI avait été multipliée par cinq au cours de ses neuf premières années sur le trône.

Le site Le360, proche de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi et président de Siger depuis 2001, affirme dans un article de 2016 que la SNI a contribué à hauteur de 4,3 % des recettes fiscales de l’État en 2014. Et d’ajouter : « Cela en fait un acteur clé de la croissance du pays et de la lutte contre les inégalités sociales ».

Le site Le360, proche de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi et, depuis 2001, président de Siger, a affirmé dans un article de 2016 que la SNI a contribué à hauteur de 4,3 % des recettes fiscales de l’État aux caisses publiques en 2014. Et d’ajouter : « Cela en fait un acteur clé de la croissance du pays et de la lutte contre les inégalités sociales ».

Au-delà de ses investissements commerciaux, la fortune de Mohammed VI suscite souvent l’intérêt de la presse internationale. En 2015, Le Monde a publié un article dans le cadre des fuites connues sous le nom de SwissLeaks. On y apprenait que Mohammed VI avait ouvert un compte à son nom auprès de la banque suisse HSBC pour un montant de 7,9 millions d’euros. Le journal rappelle qu’il est illégal pour un Marocain vivant au Maroc d’ouvrir un compte à l’étranger. Deux avocats du monarque ont écrit une lettre au Monde assurant que les sommes avaient été transférées « en toute transparence » vis-à-vis des autorités marocaines.

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