interview sur les relations économiques entre le Maroc et l’Afrique du Sud

Q.1 : Les relations économiques entre le Maroc et l’Afrique du Sud sont restées limitées et ne se sont pas développées au même titre qu’avec des pays africains francophones. Y a-t-il des freins au développement des relations économiques avec ce pays ? Comment y remédier ?

Les relations économiques entre les deux pays ont un potentiel important, d’autant plus que nous sommes chacun leader dans sa région. Malheureusement, les opportunités de promotion d’un partenariat économique durable, viable et mutuellement bénéfique pour les deux pays restent inexploitées. En outre, l’inexistence d’un cadre juridique qui puisse régir les relations commerciales bilatérales est un frein à davantage d’échanges.

Vous n’êtes pas sensés ignorer que la position de l’Afrique du Sud sur la question du Sahara demeure le principal obstacle à une coopération bénéfique pour les deux pays. Avec son obstination à afficher une hostilité infaillible envers nos intérêts nationaux, la république sud-africaine continue de sacrifier les bénéfices d’un partenariat économique prometteur avec notre pays au nom d’idéologies éculées et ce d’une manière extrême qui rejette toute sagesse.

Néanmoins, la diplomatie marocaine reste téméraire vis-à-vis de ce pays et nous continuons à inviter les acteurs économiques sud-africains aux foires, expositions et autres événements susceptibles de susciter leur intérêt en dépit du manque de volonté politique de la part des dirigeants sud-africains.

Q.2 : Vu son poids économique et politique dans le continent et sur la scène internationale, l’Afrique du Sud est-elle aujourd’hui dans la ligne de mire de la diplomatie économique marocaine ?

Il est évident que le Maroc qui aspire à développer ses liens économiques avec l’Afrique, ne peut se permettre d’ignorer une puissance économique de la taille de l’Afrique du Sud. La diplomatie marocaine n’attend que l’occasion propice pour faire la promotion du Maroc et de son attractivité dans ce pays. D’un autre côté, les opérateurs économiques sud-africains ne peuvent et ne doivent se permettre de laisser passer les opportunités d’investissement dont regorge notre pays.

Q.3 : Quelle stratégie sera adoptée par le Département des Affaires étrangères et de la coopération pour promouvoir l’offre marocaine sur le marché de l’Afrique du Sud (aussi bien pour ce qui se rapporte aux exportations des produits marocains que pour ce qui est de l’attraction des investissements étrangers ?)

Notre Département est entrain d’examiner toutes les voies et possibilités susceptibles d’éviter que nos intérêts économiques dans cette partie de l’Afrique pâtissent des divergences de vues qui persistent sur nombre de dossiers politiques. Cela dit, le Maroc garde toujours les bras ouverts pour accueillir les investisseurs sud-africains intéressés par notre pays et qui pourraient impulser cette coopération malheureusement toujours atone.

Q. 4 : Quels sont les secteurs susceptibles d’intéresser les opérateurs marocains en Afrique du Sud ?

Les matières premières, machineries, et industries chimiques et pharmaceutique représentent les principaux secteurs pouvant susciter l’intérêt des opérateurs marocains en Afrique du Sud.

Q.5 : N’envisageriez-vous pas de renforcer la représentation diplomatique marocaine dans ce pays (pour notamment préparer le terrain aux opérateurs économiques marocains et permettre ainsi leur déploiement dans ce pays) ?

Cette hypothèse n’est pas à l’ordre du jour dans le court terme. Cependant, nous n’excluons pas de renforcer notre présence diplomatique en Afrique du Sud dans le cadre d’une diplomatie proactive et anticipative qui nous permettra d’aplanir, autant que faire se peut, les angles de divergences avec ce pays à fort potentiel économique.

Aussi, la diplomatie marocaine œuvre pour rétablir un climat de confiance avec la République sud-africaine à travers la recherche d’une harmonisation de nos positions sur des questions continentales et globales d’intérêt commun telles que la sécurité internationale (terrorisme et crime organisé), les changements climatiques, le développement humain et la lutte contre la pauvreté en Afrique.