Contribution marocaine à la réflexion sur la nouvelle politique des partenariats de l’OTAN

Les relations avec l’OTAN sont l’expression d’un choix stratégique pour le Royaume du Maroc qui demeure disposé à poursuivre avec l’OTAN une coopération franche, élargie et utile pour tous, dans le cadre d’une relation basée sur le respect mutuel et la prise en compte des intérêts respectifs ;

Le Maroc à l’instar des autres pays partenaires a pris note des différentes décisions et réflexions contenues dans le Nouveau concept stratégique et dans la déclaration de Lisbonne adoptés par les Alliés et se réjouit de constater encore une fois la place importante qu’occupe les partenariats et en particulier le Dialogue Méditerranéen dans les stratégies futures de l’OTAN ;

Le Maroc salue également la décision prise par l’Alliance de développer davantage ses partenariats existants tout en préservant leur spécificité, leur cohérence stratégique et d’ouvrir l’ensemble des activités et des exercices de coopération aux partenaires de l’OTAN ainsi que d’harmoniser les programmes de partenariat ;

De même, le Royaume du Maroc salue la décision constructive prise par les Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays alliés de charger le NAC d’élaborer une politique de partenariat et ce, en concertation et en coordination avec l’ensemble des partenaires intéressés.

Cette réflexion intervient dans un timing approprié, compte tenu de la nécessité d’une réadaptation de la doctrine de l’Alliance aux défis nouveaux et du besoin de prendre en compte le rôle et les contributions des pays partenaires de l’Alliance.
En particulier, le Maroc estime que les éléments suivants pourraient être pris en considération :

1- La mise en place d’un cadre de coopération souple et efficace : 

Le Maroc a toujours défendu l’idée du renforcement du DM, et en particulier de sa dimension politique. Aujourd’hui plus que jamais, l’ouverture de ce chantier apparaît indispensable parce que la nature et l’étendue du DM sont appelés à évoluer pour faire face aux défis sécuritaires et non sécuritaires changeants que nous observons, d’où la nécessité de consolider le DM :

En le faisant évoluer vers un véritable partenariat ouvert à tous les partenaires méditerranéens désireux d’apporter leurs contributions à notre effort commun visant à faire de cet espace géographique  un espace de paix, de sécurité et de compréhension mutuelle ;

La pérennité du DM en tant que cadre de coopération régionale, dépend également de sa capacité à maintenir les fondamentaux qui en sont à la base, à savoir la transparence dans nos rapports, l’appropriation commune des initiatives, le respect mutuel, la souveraineté et surtout  à travers la mise en application du principe de l’autodifférenciation sans remettre en cause le principe de la non-discrimination ;

La pertinence du DM dépend de la préservation de la cohérence stratégique de la Méditerranée et donc de la spécificité du DM par rapport aux autres plateformes qui ont certainement, elles aussi, leurs particularités et leur spécificité ;

Assurer la cohérence avec les autres initiatives de coopération dédiées à la Méditerranée telles que l’UpM, le 5+5, le forum méditerranéen, le partenariat méditerranéen de l’OSCE pour éviter les chevauchements.

II- Les formats et mécanismes de coopération :

Le Royaume du Maroc estime qu’il importe de veiller à maintenir l’équilibre entre l’exercice bilatéral (le format 28+1) et l’exercice régional (28+7). De même, il serait souhaitable de développer dans un premier temps et dans la cadre du DM une coopération à géométrie variable (28+N),

Ce format (28+n) pourrait permettre aux alliés et aux partenaires d’initier des actions de coopération spécifiques, périodique et restreintes, dans le cadre de la transparence totale en empruntant une démarche consultative, méthodique, progressive et basée sur le consensus. Toutefois, le format du 28+n ne devrait pas avoir vocation à remplacer le format du 28+7 qui reste la cadre privilégié pour les consultations futures entre l’OTAN et les pays du DM;

Les autres mécanismes de coopération devraient être, également, redynamisés et exploités et en particulier le PPC et l’APAG-DM ; ce dernier pourrait, en raison de son caractère informel et prospectif et de sa souplesse, favoriser un dialogue franc et transparent ainsi qu’une meilleure compréhension des positions respectives. Cet outil permettrait, également, de favoriser les échanges de points de vus sur les priorités, les sujets d’actualité et rapprocherait les positions des participants et alimenterait les réunions formelles par des idées novatrices ;

Par ailleurs, le Royaume du Maroc rappelle à ce que la réflexion menée actuellement mène à se pencher sur :

L’élaboration d’un Document-cadre politique, définissant les principaux objectifs, mécanismes et orientations des relations entre l’OTAN et les pays du DM. Un tel Document-cadre constituerait la référence commune d’un processus évolutif de rapprochement et de coopération entre les Alliés et les Partenaires Méditerranéens.

Un tel exercice présuppose de notre part, à la fois, une réaffirmation, par tous, du caractère régional de notre coopération, des principes de la non-discrimination et de l’autodifférenciation, de la cohérence stratégique de la Méditerranée et de sa spécificité vis-à-vis des autres régions ayant un cadre de coopération avec l’OTAN tant sur le plan politique que pratique et servira de feuille de route pour encadrer nos participations actuelles et futures aux opérations de l’OTAN ;

III – Ouverture de nouveaux domaines de coopération – le menu de coopération unique :

Le DM a montré avec succès qu’il pourrait intégrer et s’approprier plusieurs outils empruntés aux autres cadres de partenariat et notamment du PfP. Toutefois, Le Royaume du Maroc estime que cette ouverture doit:

Etre opérée de manière graduelle et concertée ;

Répondre aux attentes exprimées par les partenaires à travers les Programmes de Coopération Individuelle, et ce, en terme de formation, d’entraînement, de standardisation et surtout de développement de l’interopérabilité pratique et intellectuelle en vue d’une promotion qualitative et non quantitative du Dialogue Méditerranéen ;

Prendre en compte les enseignements tirés des ouvertures antérieures ;
Etre accompagnée par de nouveaux critères d’éligibilité aux financements et par une fluidité dans la gestion des systèmes d’information (Eprime) et ce, afin de permettre une participation optimale des partenaires ;

Valoriser et récompenser l’apport de chacun des partenaires à la sécurité collective et à celle des alliés à travers la mise en place de mesures incitatives.

IV- Domaines de coopération prioritaires

Le Royaume du Maroc souhaite développer davantage sa coopération avec l’OTAN dans les domaines prioritaires, établie sur la base des domaines de coopération agréés par le MDWP, y compris ceux mentionnés dans les décisions prises au Sommet d’Istanbul en vue de l’adoption d’un cadre plus ambitieux et plus large pour le DM.

La coopération pratique, la lutte contre le terrorisme, la coopération civilo-militaire, l’interopérabilité, la gestion des crises et des plans civils d’urgence et la transformation des Forces Armées, sont les domaines prioritaires pour le Royaume du Maroc.

A cet égard, le Royaume du Maroc estime que notre partenariat, afin de répondre efficacement aux besoins sécuritaires réels, devrait être élargi aux régions avoisinantes le bassin méditerranéen, notamment à la région du sahel et à la façade atlantique compte tenu de leurs situations précaires ; situations qui représentent un réel défi sécuritaire qui risquerait de mettre sérieusement en péril non seulement l’avenir de ces ensembles géographiques, mais également la sécurité et la stabilité régionale et internationale ;

A cet effet, le Royaume du Maroc souhaite développer davantage sa coopération avec l’OTAN, dans le cadre de la nouvelle politique des partenariats, à travers notamment :

L’intensification de l’échange de renseignements par tous les moyens adéquats et en particulier le canal de points de contacts et des officiers de liaison ;
Le tarissement des sources de financement du terrorisme y compris le blanchiment d’argent ;

Le renforcement de la coopération opérationnelle entre les services de lutte antiterroriste des pays partenaires ;

La création d’un groupe d’experts pour étudier la possibilité de mettre en place un système d’alerte urgent en cas d’incident CBRN ;

Le renforcement des moyens de lutte collective contre les attaques informatiques et le cyber-terrorisme à travers l’organisation par l’Alliance Atlantique en faveur de ses partenaires des cycles de formation sous les thèmes juridiques et techniques liés aux crimes cybernétiques et ce, afin de leur permettre de se doter de moyens nécessaires pour assurer la sécurité des installations sensibles liées au cyberespace ;

L’intensification de la coopération opérationnelle entre l’OTAN et ses partenaires via leurs centres d’expertises des risques liés aux technologies de l’information, par les échanges instantanés d’informations sur les méthodes et solutions de traitement des incidents informatiques et des attaques cybernétiques ;

L’appui logistique de l’OTAN à ses partenaires en matière d’outils et techniques dédiés à contrer la menace cybernétique.

S’agissant de la gestion de crise, le Royaume du Maroc estime que l’OTAN et ses partenaires pourraient travailler de manière concertée en formulant des réponses adéquates et promptes aux défis posés par les catastrophes et crises de tous types et ce, à travers :

L’amélioration de l’interopérabilité dans la conduite des opérations de secours en cas de catastrophes naturelles et non-conventionnelles et la gestion des conséquences ;

L’échange d’information et d’expériences au sujet des plans civils d’urgence et de l’état de préparation auxdites catastrophes ;

Le renforcement de la coopération dans le domaine scientifique et de protection de l’environnement dans le cadre, notamment, du programme « paix via la science » ;

L’organisation de formations et d’exercices virtuels et de terrain dans les domaines liés à la gestion des crises naturelles et des crises impliquant des matières CBRN à l’instar des exercices et formations organisés par l’ONU et l’UE dans plusieurs pays partenaires dont le Maroc ;

Le lancement d’un dialogue et d’un échange d’expertise régulier dans le domaine de la gestion des crises et en particulier développer les échanges d’expertise civile de l’OTAN avec le Centre de Coordination de réactions du Royaume du Maroc et faire appel aux capacités du Centre Euro-Atlantique de Coordination des réactions (EADRCC).