Sahara: L’Algérie et le Maroc se critiquent vertement à l’ONU

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Le conflit du Sahara occidental oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie, depuis le départ du colonisateur espagnol dans les années 1970.

Les chefs de la diplomatie de l’Algérie, Ramtane Lamamra, et du Maroc, Nasser Bourita, ont échangé de vives critiques lundi 27 septembre à l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, alors que les deux pays restent en rupture de relations diplomatiques.

« L’organisation d’un référendum libre et équitable pour permettre » au peuple sahraoui « de déterminer son destin et de décider de son avenir politique ne peut rester à jamais l’otage de l’intransigeance d’un Etat occupant qui a failli à plusieurs reprises à ses obligations internationales », a dit le ministre algérien.

« Le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est inaliénable, non négociable et imprescriptible »

Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères

« Intégrité territoriale »

Pour le chef de la diplomatie marocaine, qui s’est exprimé à l’ONU via une vidéo pré-enregistrée, « le calme règne aujourd’hui au Sahara ». Evoquant de récentes élections au Sahara occidental, avec « une participation record », Nasser Bourita a estimé qu’elle « prouvait que les habitants du Sahara marocain sont très attachés à leur intégrité territoriale au sein du Maroc ».

L’Algérie, « responsable de la création et de la poursuite de ce conflit », doit « endosser pleinement ses responsabilités », a-t-il ajouté, en réclamant, allusion aux indépendantistes du Front Polisario établis sur le territoire algérien, qu’Alger arrête de protéger « un groupe armé séparatiste en violation flagrante du droit international humanitaire », selon Nasser Bourita.

« Le Royaume demeure engagé à œuvrer en faveur du règlement définitif du conflit régional autour du Sahara marocain, dans le plein respect de son intégrité territoriale et dans le cadre de sa souveraineté nationale »

Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères à l’Agence marocaine de presse (MAP)

Rupture

Fin août, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en raison « d’actions hostiles » du royaume, une décision « complètement injustifiée » et regrettée par Rabat. Le 22 septembre, Alger a enfoncé le clou en décrétant la fermeture « immédiate » de son espace aérien à tous les avions marocains.

Le conflit du Sahara occidental oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie, depuis le départ du colonisateur espagnol dans les années 1970. Rabat, qui contrôle près de 80% du territoire, s’en tient à une proposition de plan d’autonomie sous sa souveraineté pour cette région.

Une éclaircie nommée Staffan de Mistura ?

Les négociations sous l’égide de l’ONU entre le Maroc et le Polisario, auxquelles participent l’Algérie et la Mauritanie, sont interrompues depuis le printemps 2019 après la démission de l’émissaire de l’ONU chargé du dossier, l’ex-président allemand Horst Kohler.

Après une douzaine de personnalités approchées pour prendre le relais, le Maroc a fini par accepter à la mi-septembre, sous pression américaine selon plusieurs diplomates, la nomination du diplomate italo-suédois Staffan de Mistura comme nouvel émissaire de l’ONU. Sa désignation n’est cependant toujours pas intervenue officiellement.

Quelques jours avant ce clash, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a exhorté jeudi le Maroc et l’Algérie à engager un « dialogue positif » pour résoudre leurs problèmes en suspens.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse tenue par le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, au siège permanent de l’ONU à New York, en réponse à une question sur la position de Guterres vis-à-vis de l’annonce faite par l’Algérie mercredi de fermer son espace aérien aux avions marocains.

« Le Secrétaire général croit fermement qu’il est important pour les deux pays (Maroc et Algérie) de s’engager dans un dialogue positif pour résoudre leurs problèmes en suspens, étant donné l’importance des deux pays dans la région », a déclaré Dujarric.

Et le porte-parole de l’ONU d’ajouter : « Nous voulons que les deux pays aient les meilleures relations bilatérales possibles. »

L’Algérie avait décidé, mercredi 22 septembre, à l’issue de la réunion du Haut Conseil de Sécurité (HCS), présidée par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, de « fermer immédiatement l’espace aérien à tous les aéronefs civils et militaires ainsi qu’à ceux enregistrés au Maroc », selon un communiqué officiel de la Présidence de la République algérienne.

Cette décision a été prise dans un contexte de « poursuite des provocations et des pratiques hostiles de la part du Maroc », ajoute la présidence dans son communiqué, sans préciser la nature de ces provocations, alors que le Maroc n’a pas réagi à cette décision.

Le 24 août dernier, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en raison des « actes hostiles incessants perpétrés par Rabat à son encontre », tandis que les autorités marocaines ont rejeté « les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui sous-tendent la décision d’Alger ».

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