La protestation marque louverture des travaux de Marrakech

La deuxième édition du Forum mondial des droits de lHomme (FMDH), qui sest ouverte jeudi soir dans la ville touristique de Marrakech, au sud du Maroc, en présence de plusieurs milliers de personnes venues des quatre coins du monde, mais surtout du Maroc, a été marquée par une démonstration de force des associations et des collectifs marocains hostiles à la tenue de cet événement sur leur sol.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL YOUNÈS SAADI Le Maroc, selon les protestataires, na pas un bilan « reluisant » en matière de respect et de promotion des droits de lHomme pour accueillir une manifestation dune telle ampleur. Dès le début de laprès-midi de jeudi, a-t-on constaté sur place, des dizaines de personnes, pancartes en main, se sont installées devant lentrée du camp réservé aux travaux du FMDH pour exprimer leur colère et sensibiliser les présents, notam- ment les étrangers, sur la situation qui prévaut au Royaume. 
Des portraits dactivistes marocains en prison et de personnes ayant subi des tortures ont été accrochés sur les grilles de lentrée prin- cipale. Les associations amazighes nont pas raté cette occasion pour dénoncer ce quelles quali- fi ent de « régression terrible » des libertés au Ma- roc. En eff et, lAssemblée mondiale amazighe a distribué une déclaration dans laquelle lONG tire à boulets rouges sur le régime marocain. 
« Nous constatons une remise en cause des ac- quis arrachés en 2011, notamment en ce qui concerne loffi cialisation de la langue amazighe rendue symbolique par le gouvernement. Ce dernier a promulgué des lois qui marquent le retour en arrière, puisque les Amazighs du Maroc sont toujours privés de leurs droits culturels », indi- que lONG dans sa déclaration. Elle déplore aussi les campagnes de désappropriation des terres amazighes. 
« Le gouvernement continue de déposséder les tribus amazighes de leur terre sous différents prétextes ». A lintérieur du chapiteau, lambiance contrastait et était sensiblement dif- férente. En eff et, plusieurs personnalités mon- diales ont pris part aux travaux douverture par- mi lesquelles on peut citer, entre autres, lex-Pre- mier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Za- patero, le président du Conseil des droits de lHomme des Nations unies, Baudelaire Ndong Ella, et Mme Fatou Bensouda, procureur général de la Cour pénale internationale (CPI). Lors de son intervention douverture, le ministre maro- cain de la Justice a tenté de minimiser laction de protestation des associations en mettant lac- cent sur les quelques progrès réalisés dans son pays en matière de respect et de promotion des droits de lHomme. « Depuis 2011, le Maroc sest lancé dans une démarche réformiste qui vise à renforcer le respect et la promotion des droits de lHomme. A cet eff et, nous avons amendé la Constitution, et nous comptons promulguer une loi assurant la protection aux domestiques et une autre pour lutter contre la violence faite aux femmes », a-t-il affi rmé. Par ailleurs, il a rappelé à lassistance que le continent africain na pas été associé à lélaboration des textes fondateurs de la philosophie des droits de lHomme. Pour cor- riger cette lacune, il a lancé un appel aux pays africains pour participer activement à lenrichis- sement des mécanismes des droits de lHomme. Prenant la parole, le président du Conseil des droits de lhomme des Nations unies a souligné limportance des ONG dans la défense des droits de lHomme. « Le Conseil des droits de lHomme off re la possibilité aux ONG dinterroger les Etats et de participer à la construction dun monde sans violation », a-t-il dit. Pour lui, il ne peut y avoir de respect des droits de lHomme sans une société civile dynamique et effi cace. Il a, en outre, rappelé le rôle de lExamen périodique universel, un mécanisme qui oblige les Etats, chaque 4 ans, à rendre des comptes sur leurs po- litiques en matière des droits de lHomme. Selon lui, ce mécanisme commence à porter ses fruits. De son côté, le représentant du Haut Commis- saire des Nations unies pour les droits de lHom- me, M. Ibrahim Salama, a appelé les représen- tants des Etats à ne pas faire de la lutte contre le terrorisme un prétexte pour priver des popula- tions de leurs droits les plus élémentaires. « Rien ne peut justifi er les violations des droits de lHomme », a-t-il clamé sous les applaudisse- ments des participants. Il a aussi refusé que le développement se fasse au détriment des droits des citoyens. « Lêtre humain doit être au cSur du développement », a-t-il ajouté. Notons que les travaux douverture ont connu quelques problè- mes organisationnels, comme le manque de bad- ges dentrée pour les participants, ce qui a pro- voqué la colère de quelques organisations parti- cipantes. <

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