Le Polisario accorde le bénéfice du doute au nouveau gouvernement marocain

Par Hasna Yacoub 
C’est hier qu’a débuté le 9e round des rencontres informelles sur le devenir du Sahara occidental. Le représentant du Front Polisario à l’ONU, M. Ahmed Boukhari, a indiqué, samedi dernier, la veille de la tenue de cette rencontre, à New York, que l’approche marocaine, qui veut à la fois la construction maghrébine et l’annexion du Sahara occidental, est d’une «lourde contradiction».«Vouloir à la fois le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire l’annexion du Sahara occidental, par la force et l’oppression de son peuple, et la construction maghrébine, est une contradiction aussi évidente que lourde» dont fait preuve le Maroc, a déclaré M. Boukhari dans un entretien à l’APS. 
Le représentant sahraoui a souligné que le Front Polisario «attend avec intérêt ce nouveau round de négociations avec le Maroc, ne serait-ce que pour savoir s’il y a du nouveau et s’il y a de la part de cette composante gouvernementale, issue des dernières élections législatives, une volonté politique différente de celle manifestée durant tous les rounds antérieurs». A ce propos, il observe que l’attitude marocaine affichée lors des précédentes réunions «est à l’origine du blocage qui a empêché le processus de négociations d’atteindre l’objectif qui lui a été établi par les Nations unies, celui de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance». 
Pour lui, le prochain round «constitue une occasion et une nouvelle opportunité pour le Maroc de se débarrasser du fardeau d’une guerre de conquête territoriale sans lendemain et contraire à la légalité internationale, dont la poursuite ne fait que mettre en doute la sincérité des engagements verbaux du Maroc sur la réactivation du processus de la construction maghrébine». 
M. Boukhari estime qu’il existe une contradiction fondamentale entre la réalité sur le terrain et le discours des Marocains sur la construction maghrébine qui «fait planer des doutes profonds sur leur sincérité». En effet, explique-t-il, «vouloir à la fois le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire l’annexion du Sahara occidental, par la force et l’oppression de son peuple, et la construction maghrébine est une contradiction aussi évidente que lourde». Considérant que «cette approche équivoque qui règne dans l’esprit des décideurs marocains ne peut pas aller très loin», M. Boukhari soutient que «l’alternative à ce jeu de courte portée existe et elle est à portée de main, pourvu que la partie marocaine fasse preuve d’un minimum de cohérence et de bonne foi». En outre, renchérit-il, «les défis que nous avons aujourd’hui et demain dans la région, sur les plans économique et sécuritaire, exigent de nous tous, sans exception, la coordination des efforts ainsi que la mise en valeur de nos ressources naturelles pour le bien des générations magrébines». 
Précisons que le 9e round des rencontres non officielles sur la question du Sahara occidental se tiendra demain et après-demain dans la banlieue new-yorkaise en présence des délégations des deux parties et des représentants des deux pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie. Le Front Polisario a désigné M. Saâd Dine el Otmani pour le représenter à Manhasset, alors que le staff marocain, conduit par le ministre des Affaires étrangères, sera composé de Mohamed Yassine Mansouri, patron du contre-espionnage, et de Maouelanin Khalihanna Maouelainin, secrétaire général du Conseil Royal consultatif pour les affaires sahariennes. Les pourparlers informels seront menés sous l’égide du médiateur onusien, le diplomate américain et ex-ambassadeur US à Alger, Christopher Ross. 
Rappelons que ces négociations, reportées plusieurs fois en raison du calendrier électoral marocain, intervient dans un contexte fortement imprégné de changements, d’abord marocains avec la transformation constitutionnelle et l’arrivée aux affaires d’un gouvernement islamiste, et puis maghrébins avec l’amorce de reprise des relations algéro-marocaines. Rappelons enfin que dans sa résolution adoptée à l’unanimité en avril dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU avait réaffirmé son engagement à aider les deux parties en conflit à parvenir à une solution «juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».

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