Alger-Rabat : Un rapprochement prudent se profile

Dans les relations internationales, la règle à suivre est la préservation des intérêts. Il arrive qu’il y ait plus que ce lien d’intérêt, notamment le voisinage, la langue, l’héritage historique aux côtés des enjeux politiques, économiques et sécuritaires. Tous ces éléments sont à prendre en considération dans les relations algéro-marocaines.

Les bases d’un éventuel rapprochement entre Alger et Rabat semblent être lancées et pourraient aller jusqu’a la réouverture des frontières terrestres fermées depuis 1994. L’on sait que Rabat et Alger sont en désaccord depuis de longues années à cause, notamment du conflit sahraoui qui bloque le processus de l’Union pour le Maghreb arabe depuis plus de vingt ans.

Toutefois, le Maroc veut à tout prix ouvrir les frontières entre les deux pays afin de profiter des données économiques qui sont en sa faveur, mais l’Algérie n’a toujours pas répondu «positivement» à cette demande.

Cependant, les données diplomatiques, politiques et économiques ont changé pour les deux Etats qui entament une nouvelle phase «d’un rapprochement prudent», sachant qu’une coopération économique et commerciale entre l’Algérie et le Maroc a toujours existé car le volume des échanges commerciaux était de 720 millions de dollars en 2009 et 570 millions de dollars en 2008.

Dans ce cadre, Alger a montré sa volonté d’un «rapprochement» à travers une déclaration du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, faite lors de sa visite à Tlemcen le 17 avril dernier, affirmant qu’il n’existait pas de problème entre l’Algérie et le Maroc et appelant à renforcer la coopération avec ce pays.

A ce titre, il dira que «le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer (avec lui)». Cette déclaration a été suivie par des déclarations officielles des ministres des Affaires étrangères, Mourad Medelci, de l’Agriculture, Rachid Benaïssa et de Abdelaziz Belkhadem, ministre d’Etat, représentant personnel du président de la République dans un entretien à TSA. Le chef de la diplomatie algérienne avait déclaré que «la frontière entre le Maroc et l’Algérie ne sera pas éternellement fermée». En visite à Rabat, Rachid Benaïssa a déclaré lundi dernier que la frontière algéro-marocaine sera rouverte «tôt ou tard». Dans une déclaration rapportée par l’AFP, M. Benaïssa dira : «Comme l’a dit il y a deux jours notre ministre des Affaires étrangères, cela arrivera tôt ou tard». «Nous sommes des voisins et des frères et nous œuvrons (…) pour le renforcement des relations bilatérales», a-t-il ajouté.

Interrogé sur toutes ces déclarations, M. Belkhadem dira : «L’Algérie a formé des commissions pour étudier la possibilité de rouvrir cette frontière et travaille sur ce dossier depuis 2002, date de la visite au Maroc de l’ex-ministre d’État Yazid Zerhouni. La frontière sera rouverte après la résolution des problèmes liés aux différents trafics.

Cette réouverture ne doit pas constituer un danger pour l’économie nationale ni pour l’économie marocaine. Elle ne doit pas constituer un problème quelconque pour les deux pays».

Toutefois, la déclaration de Bouteflika suivie d’autres officiels algériens qui laissent croire qu’il y a du «nouveau» dans les relations algéro-marocaines intervient dans un contexte régional difficile avec la protestation qui envahit le monde arabe et les pays du Maghreb, dont la Libye, sachant que la situation dans ce pays a des effets sur la sécurité des frontières de l’Est algérien en plus de la guerre diplomatique déclenchée suite aux accusations voulant impliquer l’Algérie dans ce conflit.
Par Nacera Chenafi 

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