Réchauffement graduel des relations algéro-marocaines

Les nuages qui couvrent le ciel algéro-marocain depuis des décennies se dissipent et laissent place, depuis quelques semaines, à un soleil printanier plus radieux que d’habitude. Un accord est apparemment passé entre les deux pays. Alger et Rabat vivent au rythme d’incessantes visites ministérielles des deux côtés. La dernière en date est celle de Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture et du Développement rural qui assiste au Salon international de l’agriculture de Meknès, au Maroc. Le ministre algérien, accompagné de plusieurs opérateurs exerçant dans le domaine de l’agriculture, a signé avec son homologue marocain Aziz Akhennouch, lundi dernier, un mémorandum de coopération dans le domaine agricole. 

L’accord, qui s’étale sur cinq ans, vise «la consolidation de la coopération dans les différents domaines agricoles, afin notamment de renforcer la sécurité alimentaire des deux pays, les échanges commerciaux, la recherche scientifique et la vulgarisation agricole». Il porte également sur «le développement de la production animale et végétale, la santé animale, la lutte contre la désertification et le développement rural».La visite du ministre de l’Agriculture ne peut, en revanche, échapper aux questions politiques. Il devait, comme presque tous les officiels algériens qui se trouvent au Maroc, répondre à la lancinante question du Sahara occidental. «La question du Sahara occidental est un problème qui relève des compétences des Nations unies», a dit M. Benaïssa. La réponse fait écho à un commentaire, développé le 16 avril dernier à Tlemcen par le président Abdelaziz Bouteflika. «Il n’existe pas de problème entre l’Algérie et le Maroc […] Le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer», avait dit le chef de l’Etat.Les mêmes propos, ou presque, sont employés par le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, lors de ses dernières sorties médiatiques. «L’Algérie adopte la même position que celle des Nations unies par rapport à la question du Sahara occidental. Cela veut dire que nous avons notre vision et le Maroc la sienne», a-t-il souligné. 

Il n’y a pas que la question du Sahara occidental qui empêche la normalisation des relations entre les deux pays voisins. L’ouverture des frontières terrestres, fermées en 1994, est une revendication très pressante des Marocains. A cela, l’Algérie oppose une réponse pragmatique et ferme. «Les deux pays ne peuvent pas vivre éternellement avec des frontières fermées. Il faut rouvrir les frontières, mais auparavant, il faut créer les conditions pour cela. Et lorsque cela sera fait, la décision sera appliquée de façon sécurisée et équilibrée au profit des deux parties. Comment arriver à ce résultat ? En dialoguant entre responsables, et cela a commencé il y a trois mois de cela», a estimé, dans ce sens, Mourad Medelci lors d’une interview accordée au début de cette semaine à un confrère arabophone. Cela dénote une avancée certaine dans ce domaine. Même si Alger maintient toujours qu’il faut traiter de sérieux problèmes liés notamment à la drogue et à la migration clandestine.Pendant ce temps, les affaires reprennent. 

Les deux pays, qui s’apprêtent à jouer la deuxième tranche d’une rencontre footballistique décisive pour la qualification à la prochaine Coupe d’Afrique des nations, travaillent déjà sur l’exportation du gaz algérien vers le Maroc. Une option très sérieuse est prise dans ce sens, d’autant plus qu’un des gazoducs qui acheminent le gaz algérien vers l’Europe transite par notre voisin de l’Ouest. Ce qui peut aboutir, dans un proche avenir, à une normalisation, voire à un réchauffement des relations bilatérales. Quant à la problématique du Sahara occidental, la question a déjà un cadre dans lequel elle est traitée.
Par Ali Boukhlef
La Tribune d’Algérie, 28/04/2011

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