Editorial de El Pais : Manifester à El Aaiun

La neutralité espagnole dans la question du Sahara n’implique pas se désintéresser des droits de l’homme

Les diplomates marocains soutiennent que la relation de leur pays avec l’Espagne dépend « en 90% » de la position espagnole dans le conflit du Sahara Occidental, disputé avec le Front Polisario depuis 35 ans. C’est probablement une éxagération, mais elle ilustre l’importance que les autorités marocaines accordent au à la position espagnole. De là la répercussion de n’importe quel incident implicant des citoyens espagnols, comme c’était le cas des 11 activistes maltraités par la police marocaine pendant qu’ils manifestaient, samedi dernier à El Aaiun, pour l’indépendance du territoire.

Les nombreuses associations de soutien à l’indépendantisme sahraoui qui existent en Espagne et les partis à gauche du PSOE pensent, comme Rabat, que la position du gouvernement espagnol est décisive. Tous les gouvernements de la démocratie ont naivgué, avec ou plus ou moins de succès, entre les exigences contradictoires du voisin et d’une bonne partie de son opinion publique. L’Exécutif de Zapatero s’inclia, avec discrétion, du côté du Maroc en montrant sa sympathie pour son offre d’autonomie pour le territoire et en évitant de condamner ses violations.

Malgré cette coupure dans sa neutralité, le Maroc considère que la position espagnole est pro-Polisario. Des temps difficiles s’annoncent, parce que les négociations entre Rabat et le Polisario son stagnées, comme l’a souligné l’envoyé de Ban Ki-moon pour le Sahara au mois de juin; la proposition marocaine d’autonomie perd du souffle, et probablement l’accord de pêche ne se renouvellera pas en 2011.

En plus, la grande répercussion laissée par la grève de la faim d’Aminatou Haidar, fin 2009, a donné des ailes aux initiatives à effets médiatiques comme celle du groupe qui manifesta samedi. Cela crée des problèmes diplomatiques, parce que Rabat considère des telles initiatives comme une ingérence extérieur. Mais, en aucun cas, cet argument ne justifie la brutalité de la police face à des personnes qui manifestent pacifiquement.

La neutralité espagnole non seulement n’est pas contradictoire avec la défense des droits humains mais elle l’exige. C’est ainsi que l’ont demandé au Gouvernement tous les groupes espagnols dans une résolution votée en 2009 pour que le contingent de l’ONU au Sahara élargisse sa compétence afin de surveiller les droits de l’homme.

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