Le désarroi dun peuple qui perd espoir

Réfugiés sahraouis dans les campements de Tindouf en Algérie
Le désarroi dun peuple qui perd espoir
Par Massinissa Benlakehal dans les Camps des réfugiés sahraouis à Tindouf (Algérie)
Le long chemin vers lindépendance du peuple sahraoui semble sallonger encore plus à chaque pas. De léchec des négociations entre le Front Polisario et le maroc à la répression barbare des autorités coloniales dans les territoires occupés du Sahara Occidental, à dire quil ny a point de répit dans le quotidien de cette population. Elle est aujourdhui divisée, certes, mais leur souffrance est la même. Dun coté ceux restés dans les territoires occupés, à souffrir le martyr à chaque jour que dieu fait. De lautre, ceux exilés et forcés à se réfugier à Tindouf (Sud Algérien). Et ça dure depuis 35 ans maintenant.
Une autodétermination à laquelle, ce peuple continue à y croire depuis 1991, date à laquelle lorganisation dun référendum a été décidée par les nations unies. Toujours est-il quaucun arrangement entre les deux parties na été trouvé, 19 ans après.
Aujourdhui, une seule vérité se distingue, la situation dans les camps de réfugiés sahraouis est des plus critiques. Les conditions de vie et de nutrition sont alarmantes. Jour après jour, alors que les négociations continuent de se heurter à léchec, les réfugiés eux, tentent de « survivre », tant bien que mal, dans les six camps de réfugiés se trouvant à Tindouf, à savoir, Smara, Rabouni (Chahid El Hafez), El Ayoun, école du 27 février, Dakhla et Aousserd. Ils sont dailleurs plus de 160 000 réfugiés répartis sur les camps de Tindouf. Leur nombre est en constante augmentation, vu que dautres qui fuient la répression coloniale continuent daffluer sur les camps et sy installent. La majorité des jeunes dans les camps, nont connu dautre situation que celle dominée par lexil et la souffrance. Ils ont grandis ainsi, depuis le jour de leur venue au monde sur le sol désertique de Tindouf.
Le camp du 27 Février fait référence à la date de la proclamation de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) en 1976. Au terme dannées defforts divers, il jouit aujourdhui dune réputation considérable. Dailleurs, le centre Naâdja y est implanté, du nom dune femme morte sous la torture dans une prison marocaine. Cest là que se trouve le siège de lUnion nationale des femmes sahraouies (UNFS). Il y a bon nombre dautres infrastructures, notamment, lécole, le commissariat et le dispensaire. Plusieurs activités y sont assurées dans cet établissement. Des cours aux jeunes filles, des cours dadministration et dapprentissage de lartisanat y sont enseignés aussi. Il y a même un musée, un dispensaire et une bibliothèque. Deux cybercafés sy trouvent également. Quelques ordinateurs permettent de relier et de connecter cette population perdue, au milieu du grand désert algérien, au reste du monde. « Bien que le débit ne soit pas parfait, nous faisons avec et essayons de ne pas demeurer couper du reste du monde », lance une jeune fille. A défaut davoir la chance de vivre, comme tous les autres peuples, dans la civilisation, ces derniers se contentent den faire parti ne serait-ce que virtuellement par le biais de lInternet. « Cest grâce à Internet que nous pouvons agir et informer le reste du monde de notre situation réelle et critique », a-t-elle indiqué.
Sur cette route vers lindépendance à travers le désert, le Front Polisario doit encore surmonter plusieurs difficultés. La femme sahraouie se dit omniprésente pour accompagner ce combat. Parmi celles-ci, sa jeunesse. Les jeunes (des deux sexes) représentent une part importante de la population, bénéficiant dun taux de scolarisation de 100 %. Dailleurs pour la majorité de ceux et celles que nous avons rencontrés, entre autre, des militaires, policiers, dirigeants locaux, ont tous bénéficié dune formation universitaire au sein des universités algérienne, libyenne et espagnole. Cest dire alors, que le Sahara Occidental se prépare, du moins, saffiche prêt à prendre les traineaux dès que son indépendance totale sera acquise.
Ces jeunes âgés de 18 à 25 ans, se retrouvent dans les rangs de larmée sahraouie. La gent féminine représente 5 à 10% de leffectif de larmée de libération sahraouie. Une armée de plus de 10 000 hommes et femmes prête à défier ladversaire. Ils peuvent atteindre plus de 25 000 hommes en cas de mobilisation générale, selon les dirigeants sahraouis. Ces jeunes sahraouis avancent à latout majeur.
Dans les camps, les femmes se sont tournées vers différentes activités pour soccuper. Certaines ont créé des coopératives, dautres ont fait le choix dexercer dans la broderie, et travaillent également dans les ateliers de couture se trouvant au camp du 27 février. Elles sont présentes dans toutes les fonctions pratiquement, que ce soit dans ladministration, dans les dispensaires en qualité dinfermières ou de médecins, dans léducation en tant quenseignantes de langues ou autres.
Tandis que dautres ont choisi le chant, où la voix rythme avec un mélange de musique moderne et locale. Des chants où sont exprimés lenvie de recouvrer lindépendance, de rentrer au pays natal et le marasme vécu dans les camps de réfugiés. Une manière pour elles de fuir la réalité atroce dun occupant génocidaire qui continue de martyriser la population encore bloquée sur les territoires occupés.
Elles sont là, le soir tombé, alors que le soleil est parti rejoindre lautre rive loin à lEst, se regroupant au tour dun feu de camp, à boire du thé, chanter leur mélancolie et tenter doublier lamertume dans laquelle elles vivent depuis des décennies. Ainsi, faut-il le dire, elles essaient, en tout silence, doublier le temps dune pleine lune, pour quau lendemain, avant même que le soleil ne se lève, le désert où elles se sont exilées, se mette à consumer leur jeunesse vécue loin de la patrie mère.
Ce peuple, aujourdhui, se retrouve noyé dans le chagrin et la déception. La tristesse dun éloignement qui dure depuis déjà 35 ans. Ils font face à lindifférence dautrui. Celle dune communauté internationale qui semble lui tourner le dos, à linstar des Nations Unies qui ne cesse de faillir à ses missions. Il est à sinterroger sur lavenir de ce peuple. Leurs rêves de jours meilleurs sécrouleront-ils ? Leur détresse sera-elle consolée et leur cri entendu ? Tant de questions, pourtant une seule réponse, une seule action suffit pour les apaiser de leur mal : Permettre lorganisation du Référendum, afin queux seuls puissent décider de leur avenir.
La nouvelle génération commence à sinterroger, à se poser des questions. Dailleurs, pour la frange des jeunes, ils doutent de lutilité des pourparlers qui depuis 1991 à ce jour, nont que faillis. Les sahraouis, dans les camps de réfugiés de Tindouf sont, pour ainsi dire, les rescapés dune guerre, leurs âmes souffrantes en détresse, les survivants se sont exilés. Plus précaires encore quils nétaient auparavant, ils sen vont… Si tel est leur destin de mourir loin des terres de leurs aïeux, pourquoi ne leur attribue-t-on pas le droit de choisir leur enfer.
En attendant, une solution finale à leur situation, les sahraouis, eux, veilleront encore à la belle étoile et continueront de prier Dieu de leur venir en aide, lhumain lui, semble ne rien pouvoir faire pour trouver une solution. Ou du moins, faut-il dire, ne veut pas vouloir.
Blog de Massinissa Belakhal

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