DSK, « vendeur de conseils » haut de gamme

L’autre « ami du Maroc » est Dominique Strauss-Kahn. Né à Paris, DSK a
passé toute son enfance à Agadir avant que sa famille décide de retourner en
France, suite au tremblement de terre qui a ravagé cette célèbre ville côtière
en 1961. Mais c’est Marrakech qui a toujours attiré l’ancien patron du Fonds
monétaire international (FMI), au point qu’il s’y est installé définitivement

après le scandale du Carlton— à partir de 2014-2015.

Tout a commencé en 2000 lorsque le couple DSK-Anne Sinclair achète un
vieux riad au cœur de la médina, à quelques centaines de mètres de la place
Jamâa El-Fna et du minaret de la Koutoubia, pour un peu moins de 500
000 euros. Il a fallu près de deux ans de travaux pour faire de cette vieille

demeure datant du xix e siècle un petit paradis au cœur de la vieille ville. Les
meilleurs artisans marocains avaient été sollicités pour une restauration fidèle
des plafonds (en bois de cèdre), des murs et du sol (en stucs et zelliges
traditionnels). Derrière un mur qui ne paye pas de mine, dans l’immense
brouhaha de la médina de Marrakech, difficile d’imaginer que la grande porte
en bois massif s’ouvre sur une sorte de « manoir marocain » digne du conte
des Mille et une nuits.

Les invités du couple font partie de l’élite parisienne liée à la gauche caviar
post-soixante-huitarde : d’Olivier Nora (le patron des éditions Grasset) à
Michel Field (ex-directeur de l’information à France Télévisions) en passant
par le philosophe médiatique Bernard-Henri Lévy, dont le palais, Zahia, est à
quelques pas…

Aucun média n’a pu accéder au riad du couple et les quelques descriptions
qui sont parues ici et là sont le fruit de simples témoignages repris par la
presse française. « Que cachent réellement les grandes portes du riad ?
L’entrée, encadrée par deux colonnes de marbre, débouche sur une première
cour intérieure, bordée, sur deux côtés, d’appartements de plain-pied. C’est
l’endroit réservé aux invités. Le tout est embelli par une végétation
luxuriante, à l’ombre d’un énorme palmier. Au-delà de cet espace doté d’une
piscine, on pénètre dans la demeure proprement dite. Les salons et
appartements du couple se distribuent au rez-de-chaussée et à l’étage, sur
quatre côtés, autour d’un deuxième patio intérieur. Là, une fontaine centrale,
des parterres de cyprès, orangers, bananiers et rosiers apportent fraîcheur et

agrément. L’ensemble est chapeauté par une grande pergola —. »

En juillet 2012, un an après le scandale du Sofitel de New York, le divorce
de Dominique Strauss-Kahn et d’Anne Sinclair annonce la fin d’un couple
qui était promis, quelques mois plus tôt, aux plus hautes fonctions de l’État.
DSK quitte le riad, propriété de son ex-épouse, mais reste à Marrakech.

À peine la séparation est-elle officialisée que DSK se retrouve dans l’œil
d’un nouveau cyclone médiatique et judiciaire : l’affaire dite du Carlton de
Lille. « Un rouleau compresseur judiciaire qui n’a abouti à rien, un étalage
sordide de sa vie intime », jugent, amers, ses amis.

Désabusé, l’ancien patron du FMI plie bagage et part avec sa nouvelle
compagne, la Franco-Marocaine Myriam L’Aouffir, qu’il a connue lors d’une

réception à l’ambassade du Maroc à Paris. Direction, Marrakech. Il veut cette
fois s’y installer. Définitivement. Il devient « résident fiscal » du royaume de
Sa Majesté.

À 15 kilomètres de la Ville Ocre, au pied des montagnes enneigées du
Haut Atlas, il construit « une immense maison d’architecte à l’américaine, un
cube de béton entouré d’une palmeraie, agrémentée d’une piscine géante aux
dalles vert et gris. Une propriété où les marbres scintillent et où “tout est
beau”, s’émerveille un habitué. Il n’est pas rare que DSK lui-même vienne
chercher ses invités dans leur hôtel, à Marrakech, au volant de sa Maserati
noire dernier modèle. L’un d’eux raconte la scène : “Dans le hall, les petits
Marocains crient à tue-tête : Salut Dominique… Ici, les gens l’adorent.” À
commencer par le roi en personne, que Dominique, élevé à Agadir,

conseille ».

Il faut préciser que DSK ne fait pas partie de ces retraités français venus
passer leurs derniers jours sous les palmiers de Marrakech, ou dans le
charivari de la place Jamâa El-Fna. Il « refait » sa vie ailleurs qu’en France :
avec une autre femme d’abord, et, ensuite, en se consacrant à sa – nouvelle
? – activité professionnelle : « vendeur de conseils » haut de gamme.

Mais avant de plier bagage pour Marrakech, DSK avait pris le soin de
liquider sa société parisienne Parnasse (en référence au quartier
Montparnasse où il a toujours un pied-à-terre). Fancée en 2012 pour vendre
des conseils aux groupes et gouvernements étrangers, elle affiche un an plus
tard un chiffre d’affaires de 2,55 millions d’euros et 766 300 euros de
bénéfices. F’ancien patron du FMI la remplace par Parnasse International,
immatriculée à Casablanca, le cœur battant de l’économie marocaine. Mais à
Marrakech, DSK se sent chez lui, dans un pays où il vit comme un poisson
dans l’eau tout en continuant à « vendre ses conseils » aux banques et
entreprises étrangères (russes et serbes notamment), et à certains pays comme
le Maroc et la Tunisie. Marrakech, c’est sa « base arrière », résument ses
proches.