L’Allemagne place le gaz algérien en tête de ses priorités

L’Allemagne place le gaz algérien en tête de ses priorités – UE, Union Européenne, Espagne, Italie, Russie, Qatar, Etats-Unis, GNL,

Mohamed Meslem

Les Européens s’orientent vers un renforcement de leurs relations énergétiques avec l’Algérie, acculés par les pressions de la crise énergétique mondiale, à un moment où les divergences entre l’Algérie et l’Espagne sont croissantes et complexes, et alors que les prix du gaz connaissent une hausse folle soutenue par le boycott des pays du vieux continent de leur principal fournisseur de gaz russe, sous la pression des Etats-Unis d’Amérique.

Après que l’Algérie ait renforcé ses relations avec la troisième puissance européenne, l’Italie, en concluant de nouveaux accords de fourniture de gaz et en portant ses exportations à plus de trente milliards de mètres cubes par an, le premier géant du vieux continent, l’Allemagne, a décidé de s’intéresser au gaz algérien à partir de l’année 2024, dans la première déclaration d’un responsable allemand à cet égard depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne.

Cette déclaration a été faite par le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, lors d’une réunion avec les industriels allemands, qui se plaignent de la perturbation de leurs intérêts en raison de la question du gaz qui menace l’économie mondiale d’une crise sans précédent.

Le responsable allemand a évoqué l’entrée du monde dans une nouvelle phase marquée par des prix du gaz élevés en permanence, soulignant au passage la fin du “paradis” de la phase précédente où les prix du gaz étaient bas, ce que le ministre allemand a qualifié de “vérité amère et difficile”.

Le gouvernement allemand vit entre deux feux, celui de la pression américaine qui l’appelle à cesser d’importer du gaz russe, et celui des industriels de ce pays géant économique, qui refusent fermement de cesser d’importer du gaz russe avant que leur nouvelle ressource ne soit assurée, qui ne sera que le gaz algérien, en raison de plusieurs considérations, dont la première est sa proximité avec le vieux continent, et ensuite la facilité de son transport par gazoducs, qui le rend trois fois moins cher que le gaz liquéfié, qui n’a pas d’autres moyens de transport que les pétroliers géants.

Dans ce contexte, les médias ont parlé du début des négociations entre les responsables algériens et allemands afin de conclure des accords de fourniture de gaz algérien, avant la fin de ce mois, dans un nouveau fait qui augmentera l’isolement de l’Espagne en Europe, qui s’est empressée de demander de l’aide, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Albares, au commissaire à la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, pour servir de médiateur avec l’Algérie afin de rétablir les relations bilatérales, de manière effective et non officielle, depuis le rappel de l’ambassadeur Said Moussa de Madrid le 19 mars dernier.

Le responsable allemand a évoqué les futurs partenaires de son pays dans le domaine du gaz, et a placé l’Algérie en tête des pays dont Berlin compte importer du gaz, en plus des États-Unis d’Amérique et du Qatar.

Cependant, la différence entre le gaz algérien et ses homologues venant du Qatar et des Etats-Unis, sera très chère et trois fois plus chère que le gaz algérien, car il faut le convertir en gaz liquéfié pour qu’il puisse être facilement transporté par des tankers géants, et ensuite le reconvertir en gaz pour qu’il soit utilisable.

Programmer la date d’importation du gaz algérien par l’Allemagne à 2024, en raison du manque d’infrastructures pour stocker le gaz, étant donné qu’elle le consommait en tant que gaz dans son premier cas, puisqu’il lui parvient de Russie par des gazoducs, mais son expédition par des pétroliers géants nécessite sa liquéfaction avant de le convertir en gaz. Cela nécessite des structures qui, selon le gouvernement allemand, seront prêtes dans les trois prochaines années.

La déclaration du ministre allemand de l’économie intervient alors que rien ne laisse présager l’imminence de la crise du gaz, qui a été exacerbée par un nouveau panier de sanctions contre la Russie, représenté par l’arrêt de l’importation de pétrole russe avant la fin de cette année, une décision qui augmenterait la pression sur le marché de l’énergie. Ses prix sont déjà enflammés.

Bien que la déclaration des officiels allemands sur l’inévitabilité de recourir au gaz algérien ait été retardée, l’intérêt pour celui-ci est présent et fort depuis l’accord algéro-italien d’avril dernier.

“Echorouk” a précédemment rapporté une réunion qui a eu lieu à Berlin entre les responsables allemands et leurs homologues italiens immédiatement après la visite du Premier ministre italien Mario Draghi en Algérie le 11 avril dernier, et qui se coordonnait afin d'”assiéger” la crise énergétique qui s’est imposée aux pays du vieux continent.

Les résultats de cette réunion de coordination ont laissé aux observateurs l’impression que l’Italie sera le principal distributeur de gaz algérien sur le continent européen, un rôle pour lequel l’Espagne a perdu des milliards d’euros en équipant les infrastructures, en vue de sa conversion, de son stockage et de sa réexportation vers les pays européens à travers ses frontières nord-est avec la France, où des réseaux de canalisations ont été réalisés à cette fin.

Echouroukonline, 03/05/2022

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