Maroc : genre de messages hameçonnés reçus par Maati Monjib et El Bouchattaoui

Selon Amnesty International, depuis octobre 2017 au moins, des défenseurs des droits humains du Maroc ont été pris pour cible par « Pegasus », le logiciel espion tristement célèbre produit par l’entreprise israélienne « NSO Group ».

Ainsi, l’ONG britannique a dénoncée les pratiques mafieuses de la police politique marocaine dans l’espionnage des activistes des droits humains. Le communiqué cite deux des cibles, Maati Monjib et Abdessadek El Bouchtaoui, mais de toute évidence, les victimes marocaines de cette pratique sont beaucoup plus nombreuses. L’on s’attend à ce que la société WhatsApp communique prochainement sur le sujet.

Voici le genre de messages envoyés à Maati Monjib et Abdessadek El Bouchettaoui afin de les espionner avec l’aide de technologies de surveillance développées par une entreprise israélienne dès qu’ils cliquent sur le lien.

L’une des vitcimes, Maati Monjib vit quotidiennement dans le harcèlement. Il a été interdit de plusieurs conférences académiques, censuré et vit sous pression permanente de la police politique.

Sur son perfil Facebook, peut-on lire:

« En l’espace d’une semaine j’étais interdit de conférence deux fois. La première conférence organisée par une grande école d’ingénieurs de Casablanca- elle fait partie d’une université privée. Cette conférence devait porter sur l’Etat marocain à travers l’histoire. La seconde intitulée : « Développement politique et système national d’intégrité en Afrique » était organisée dans le cadre d’une université d’été au bénéfice de quelques dizaines de jeunes activistes et intellectuels sub-sahariens. Bravo la diplomatie parallèle chantée tous les jours par les médias de propagande officiels !

Cette même semaine, une interview dans un quotidien de grande diffusion a été censurée. Je tais le nom de la journaliste (d’ailleurs professionnelle et courageuse) ainsi que le nom du journal car j’étais critiqué par des amis pour les avoir dévoilés il y a quelques jours. Car cela pourrait présenter des risques pour les concernés. Il y a ainsi une sorte de complicité obligée des censeurs et censurés. Et c’est dommage car cela empêche l’éclatement de la vérité : la presse est, dans sa grande majorité, sous contrôle. Ceux qui n’acceptent pas la censure, soit disparaissent soit s’autocensurent.

Dans cette petite interview censurée, j’avais essayé de montrer le caractère tendancieux et « sécuritaire » du rapport officiel sur le Hirak du Rif. Ce rapport soi-disant « droits-humaniste » justifiait honteusement et maladroitement la répression du Hirak et les lourdes condamnations de ses activistes et leaders (jusqu’à 20 ans). Même pour le régime ce rapport était contre-productif puisqu’il était sans aucune valeur ajoutée par rapport aux communiqués passés de la Direction Générale de la Sûreté Nationale et par rapport aux décisions, manipulations et condamnations par une justice aux ordres des braves activistes pro-démocratiques du Rif, l’une des rares régions qui lève la tête courageusement pour dire non au despotisme et au système des copains et des ripoux. Ce rapport officiel montre clairement que le régime se ferme de plus en plus que les voix de la raison sont étouffées même en son sein. Tout le monde à l’intérieur du système (y compris les institutions de gouvernance) se met au service des Services. C’est dangereux pour le pays, c’est dangereux pour les libertés publiques et c’est dangereux pour le régime lui-même qui n’a plus essentiellement que deux piliers de soutènement : la répression –comme moyen d’action et la corruption -comme ciment de l’élite au pouvoir.

Pour résumer, je viens de passer, chers ami-es une année universitaire très dure : un exemple, j’étais invité depuis octobre à sept conférences qui ont toutes été interdites. Sauf à Agadir où une personne courageuse a résisté aux pressions. L’administration “universitaire” refuse aussi de m’autoriser à participer à des colloques ou soutenances de thèse à l’étranger, comme cela m’est arrivé plusieurs fois cette année. Or de telles activités scientifiques sont partie intégrante du travail de tout professeur de l’Enseignement supérieur et impacte énormément l‘évolution de sa carrière et le jugement de ses pairs.

En même temps et comme par hasard, la presse des Srabs (Services) mène contre moi une abjecte campagne de diffamation et de mensonges qui dit entre autre que je suis un Fonctionnaire-Shabah (phantom) or mes étudiants, mes collègues et les administratifs de l’établissement où je travaille savent que je me suis acquitté cette année, et comme toujours, de mes devoirs professionnels normalement malgré les obstacles semés sur mon chemin par les collaborateurs des Services.

Imaginez ! je suis actuellement, et cela depuis février dans une situation insoutenable. L’administration centrale me considère (par écrit et par le moyen de missives officielles signées et cachetées) comme absent depuis cinq mois et demi. Quelques responsables de base, aussi professionnels que courageux leur répondent, parfois par écrit, que non, autrement dit que je suis présent…Mais l’administration centrale continue à ignorer leurs réponses (officielles signées et cachetées) en leur demandant toujours si j’ai repris mon travail comme si j’étais en abandon de poste.

Le but apparent est de me maintenir sous pression pour que j’arrête de m’exprimer sur la nature du régime qui est passé –je le redis ici à toute fin utile-, depuis les dernières élections législatives, du « statut » d’un régime semi-autoritaire à un régime, académiquement qualifié par les spécialistes, d’autoritaire. Ils veulent aussi m’empêcher par le moyen de ces pressions lâches de m’exprimer en tant que responsable de l’Association Liberté Maintenant illégalement interdite (Freedom Now الحريةالآن) sur les abus de pouvoir et les violations des droits humains et des libertés d’expression et de presse. A chaque fois que je prends position ou que je publie un article qui ne plait pas aux décideurs dans la presse qui parait à l’étranger, une campagne mensongère de dénigrement me « crucifie ». Je suis aussi parfois objet de filature sans parler du fait, Ô combien gênant, que mon téléphone est sous écoute active depuis mai 2015. C’est d’ailleurs par ce moyen qu’ils savent que je suis invité par tel ou tel établissement ou que j’ai un entretien avec un périodique…. Aussi durant avril-mai derniers, des dizaines d’articles, de vrais articles pas des brèves, m’ont honteusement insulté et diffamé, photos à l’appui sur le plan de ma vie privée et publique, de mon travail, de mes convictions…etc. Des caricatures calomnieuses de moi sont publiées, elles m’affublent des cornes de Satan, de costumes de mafieux avec des dollars tombant de leurs poches…Des centaines de pages Facebook y ont participé l’année dernière par exemple suite à un article que j’ai publié en mars 2018 sur l’affaire du journaliste Bouachrine.

La campagne s’est un ralentie depuis mi-juin 2019,et c’est bon à prendre. Tout y passe, du sexe à l’argent, du service de l’étranger à la trahison de la patrie, de la vaste ferme à la villa cossue…Honte sur vous ! Vous laisserez une mauvaise image de l’Etat marocain pour les générations futures. Vous contribuez par ces moyens vils à la dégradation de l’image de notre pays chéri qui pourtant nous lie tous.

Je n’ai jamais su que dire la vérité vous met dans une colère aussi noire !

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