À un an de la fin de la troisième Décennie internationale, les délégations soulignent l’urgence d’éliminer le colonialisme dans les 17 territoires non autonomes

La Quatrième Commission (politiques spéciales et décolonisation) a entamé, aujourd’hui, son débat général, l’occasion pour de nombreuses délégations de l’Amérique latine et des Caraïbes de réitérer leur position de principe vis-à-vis du différend de souveraineté qui touche les îles Falkland (Malvinas), les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés, tout en prenant note de l’amélioration des relations entre l’Argentine et le Royaume-Uni à ce sujet.

Alors que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme s’achèvera dans un an, la Présidente du Comité spécial de la décolonisation a souligné l’urgence de mettre fin aux situations coloniales qui persistent dans les 17 territoires inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission, un appel repris par de nombreuses délégations. C’est au nom du « respect démocratique » du droit à l’autodétermination des peuples, un droit qui est « la base des relations pacifiques et amicales entre les États », selon le Paraguay, que les délégations ont invoqué cette urgence. L’Uruguay a même affirmé que « le colonialisme est un anachronisme au XXIe siècle ».

À l’instar du Brésil, qui a pris la parole au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), de nombreux États Membres ont réaffirmé la souveraineté de l’Argentine sur les « îles Malvinas ». Ils ont ainsi décrit cette « situation coloniale spéciale » comme celle d’un territoire colonisé et non celle d’un peuple colonisé, dans la mesure où, après l’occupation par le Royaume-Uni en 1833, cette « Puissance administrante » « y a transplanté sa propre population ». Comme l’a précisé le Guatemala, dès lors le principe de l’autodétermination ne doit pas servir de prétexte à porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État existant, comme le stipule la résolution 1514 de l’Assemblée générale.

Cet argument a aussi été défendu par l’Argentine mais, sur une note positive, son représentant a expliqué que son gouvernement s’efforce d’adopter une démarche constructive sur l’ensemble des questions bilatérales. À titre d’exemple, il a cité certains développements récents visant, entre autres, à promouvoir une meilleure « connectivité » entre le territoire continental argentin et les îles « Malvinas ». Des propositions pour mettre en place un vol hebdomadaire supplémentaire ont été formulées et il a également été possible d’identifier les restes de 114 soldats anonymes argentins enterrés au cimetière de Darwin sur les « Malvinas » avec l’aide de la Croix-Rouge, s’est félicité le représentant. Il a ajouté que les familles de ces soldats, qui ont pu se rendre sur place au début de cette année, y ont été très bien accueillies.

Néanmoins, en dépit de progrès dans de nombreux secteurs, il n’a pas encore été possible de reprendre les négociations au sujet de la souveraineté des « îles Malvinas », a déploré la partie argentine. Pour sa part, le Royaume-Uni a déclaré n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur ces îles, faisant observer qu’on ne peut invoquer l’autodétermination à moins que les populations ne demandent à exercer ce droit. Or, lors du dernier référendum de 2013 dans les « îles Falkland », l’écrasante majorité de la population a souhaité rester dans le giron du Royaume-Uni, a-t-il argué. L’Argentine a considéré, quant à elle, que la tenue du référendum de 2013 constituait un « acte unilatéral qui a permis à des citoyens britanniques d’exprimer leur choix de rester britanniques ».

Certaines délégations arabes ainsi que la République islamique d’Iran ont soulevé la question de la situation des îles Chagos et de la Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, qui ne sont cependant pas inscrites à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.

En début de séance, la Commission a approuvé les demandes d’audition de pétitionnaires, qui se déroulement du mardi 8 au vendredi 11 octobre.

La Présidente du Comité spécial de la décolonisation (Comité des 24), Mme Keisha McGuire, est également intervenue et a rappelé qu’en mai dernier, son pays, la Grenade, avait accueilli pour la deuxième année consécutive le Séminaire régional du Comité spécial de la décolonisation. Lors de la session de fond de juin, le Comité a décidé de changer ses méthodes de travail pour entendre les territoires non autonomes avant d’adopter les résolutions les concernant. La Quatrième Commission est actuellement saisie de la plupart de ces résolutions, qui ont été adoptées par consensus, a précisé Mme McGuire.

Celle-ci a également annoncé un ajustement du calendrier du Comité spécial de la décolonisation pour 2020 de manière à permettre au Comité d’allouer systématiquement du temps aux territoires dans un premier temps, puis de négocier les résolutions y afférentes. Le Comité spécial de la décolonisation a également l’intention de poursuivre ses échanges avec les puissances administrantes dans le cadre de son dialogue informel annuel. La Présidente du Comité spécial a, en outre, indiqué qu’une mission serait dépêchée à Montserrat, à la demande du Gouvernement et avec le consentement de la Puissance administrante.

Le rapport du Comité spécial de la décolonisation (Comité des 24) a été présenté par son rapporteur, M. Bashar Ja’afari, de la République arabe syrienne.

La Quatrième Commission chargée des politiques spéciales et de la décolonisation se réunira à nouveau demain, mardi 8 octobre, à 15 heures, pour entamer les auditions de pétitionnaires sur les territoires non autonomes.

POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Déclaration liminaire

«ºL’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a besoin d’un financement prévisible et pérenne pour que les réfugiés palestiniens se trouvent dans une situation stable et en sécurit麻, a affirmé M.ºTIJJANI MUHAMMAD-BANDE, Président de l’Assemblée générale des Nation Unies, devant la Quatrième Commission. Il s’est inquiété de la situation financière «ºfragile et préoccupanteº» de l’agence. «ºJ’en appelle aux États Membres pour continuer à contribuer à son action vitaleº», a-t-il exhorté. Le Président a insisté sur le besoin de voter des «ºmandats réalistes et réalisablesº» et de garantir un «ºfinancement adéquatº» pour les opérations de maintien de la paix.

Débat général

S’exprimant au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR) M.ºMAURO VIEIRA (Brésil), a déclaré que, depuis l’adoption de la résolutionº2065 datant deº1965, l’Assemblée générale et le Comité spécial de la décolonisation ont reconnu qu’une « solution pacifique et négociée » serait le meilleur moyen de mettre fin à la « situation coloniale spéciale et particulière » les îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des espaces maritimes associés et au différend entre l’Argentine et le Royaume-Uni sur la souveraineté de ces territoires. Il a rappelé que dans le communiqué conjoint adopté le 17ºjuillet dernier à Santa Fe (Argentine), les Présidents du MERCOSUR avaient réitéré leur appui aux droits légitimes de l’Argentine sur ces îles. Le représentant a souhaité que ce différend « qui n’a que trop duré » trouve enfin une solution conforme aux résolutions pertinentes de l’ONU et aux déclarations de l’Organisation des États américains (OEA) et d’autres organisations régionales et multilatérales. Il a également réitéré le rejet de toute mesure unilatérale dans la zone qui serait incompatible avec les résolutions de l’ONU. Appuyant la «ºposition constructiveº» des deux parties, le représentant a souligné que l’amélioration des relations bilatérales contribuera à jeter les bases de conditions propices à la reprise de négociation débouchant sur le rétablissement du plein exercice par l’Argentine de sa souveraineté sur lesdits territoires. Il a estimé qu’il était fondamental, conformément à la résolutionº31/49, que les parties n’introduisent aucune modification dans la situation de ces îles, y compris concernant l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles dans la zone au cœur du différend. « Par solidarité avec l’Argentine », le Brésil n’utilise pas, quant à lui, les ports et aéroports pour des voyages à destination des Malouines.

Après avoir dressé un historique du différend opposant son pays au Royaume-Uni autour de la souveraineté des îles Malvinas, M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que son gouvernement s’est efforcé d’adopter une démarche constructive sur l’ensemble des questions bilatérales. Ainsi, les deux nations sont tombées d’accord pour mettre en place un vol hebdomadaire en sus de celui déjà existant entre Punta Arénas et les îles, avec escale à Rio Gallegos. Ce vol additionnel partira de San Pablo, au Brésil, et effectuera deux escales mensuelles à Cordoba, en Argentine.

Les deux pays ont en outre repris leur coopération scientifique dans le secteur de la pêche et réalisé, en février et septembre 2019, deux croisières scientifiques conjointes. Avec l’appui du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), il a été possible, par ailleurs, d’identifier les restes de 114 soldats argentins enterrés anonymement dans le cimetière de Darwin, dans les îles Malvinas. Les familles des personnes identifiées se sont rendues sur place et ont été très bien accueillies par les habitants. M. García Moritán a néanmoins déploré qu’en dépit de progrès dans de nombreux secteurs, il n’a pas encore été possible de reprendre les négociations au sujet de la souveraineté des îles Malvinas, Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés.

Il a reproché au Royaume-Uni d’avoir persisté dans des « mesures unilatérales » dans la zone disputée, en particulier s’agissant des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, bafouant en cela les dispositions de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, laquelle invite à s’abstenir d’introduire des modifications unilatérales dans la situation des îles en attendant les négociations recommandées par l’ONU. Il a réitéré le « ferme engagement » de son pays en faveur d’une solution pacifique, du multilatéralisme et d’un ordre international reposant sur des règles et exhorté le Royaume-Uni à honorer ses obligations en matière de décolonisation. Il a en outre appuyé la mission de bons offices du Secrétaire général.

M. FRANCISCO JAVIER GUTIÉRREZ PLATA (Colombie) s’est associé à l’intervention du Brésil prononcée au nom du Mercosur, répétant son intérêt régional par rapport au différend relatif à la souveraineté des îles Malvinas. Une solution pacifique et négociée doit permettre de mettre fin à cette situation coloniale spéciale, a-t-il poursuivi en réaffirmant la souveraineté argentine sur ce territoire. La Colombie a ensuite apporté son soutien à la mission de bons office du Secrétaire général pour aider les deux parties à respecter ce que l’Assemblée générale leur demande sur ce sujet. La délégation a en conclusion réaffirmé son attachement aux propositions de réforme du Secrétaire général et notamment du pilier paix et sécurité.

« Nous exhortons les Nations Unies à mettre fin à toute forme de colonisation », a lancé M. ABDULLAH Al-MOUALLIMI (Arabie saoudite). « Le droit du peuple palestinien à l’autodétermination doit être respecté », a-t-il insisté. Il a appelé à appliquer les différentes résolutions de l’ONU relatives à ce conflit et appelé à son règlement sur la base de « l’initiative arabe » lancée par son pays, soit la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Il a aussi appelé au retrait d’Israël du Golan syrien et des territoires libanais. Le représentant s’est ensuite félicité de l’organisation des deux tables rondes à Genève avec la participation du Maroc, de l’Algérie et du Front POLISARIO. « Mon pays appuie l’initiative lancée par le royaume du Maroc en faveur d’une autonomie élargie du désert marocain », a-t-il rappelé. Il a également salué les efforts du Maroc à l’appui du développement de ce territoire, en citant les 8 millions de dollars récemment consentis par Rabat afin d’améliorer le quotidien de ses habitants. L’Arabie saoudite s’est enfin félicitée des « progrès du Maroc en matière de droits de la personne ». M. Al-Moualimi a enfin dénoncé l’occupation par l’Iran des trois îles Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, occupées par l’Iran et revendiquées par les Émirats arabes unis.

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a appuyé la position de l’Argentine s’agissant de sa souveraineté revendiquée sur les îles Malvinas, rappelant que la résolutionº1514 stipule que le principe de l’autodétermination ne doit pas servir de prétexte pour porter atteinte à l’intégrité territoriale d’États existants. Il a applaudi la volonté politique constamment démontrée par l’Argentine afin de résoudre ce différend dans le respect de la Charte des Nations Unies, avant d’appeler le Royaume-Uni à négocier une solution « définitive et pacifique » au profit des deux parties. Le représentant a exprimé sa profonde préoccupation devant les actes unilatéraux que commettrait, selon lui, ce pays.

Évoquant la question du Sahara occidental, la délégation s’est félicitée des tables rondes organisées avec la participation de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et du Front POLISARIO ainsi que de l’accord conclu entre les participants en vue de se retrouver pour une troisième table ronde destinée à discuter d’« éléments de convergence ». Le Guatemala a réitéré son appui aux efforts du Maroc tendant à la recherche d’une solution politique au différend régional sur le Sahara occidental, et considéré que l’initiative d’autonomie présentée par ce pays enº2007 constitue une base « réaliste, crédible et sérieuse » pour atteindre une solution négociée entre les parties, dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale du Maroc et de sa souveraineté nationale. « Une solution à cette question est indispensable, non seulement pour la population du Sahara occidental mais également pour la stabilité, la sécurité et l’intégration de la région du Maghreb », a souligné M.ºLam Padilla en conclusion.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a réitéré son respect du principe d’autodétermination des peuples qui est « la base des relations pacifiques et amicales entre les États ». Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mener à son terme les processus de décolonisation des 17ºterritoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission. Il a apporté son soutien à la souveraineté légitime de l’Argentine sur les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés et encourage la reprise des négociations bilatérales entre l’Argentine et le Royaume-Uni. Le Paraguay a, en outre, rappelé la disposition du Gouvernement argentin à explorer toutes les voies pacifiques pour mettre fin à ce différend, saluant son attitude constructive vis-à-vis des habitants de ces îles. Pour ce qui est du Sahara occidental, le représentant a plaidé en faveur d’une solution réaliste et concrète.

M. MOHAMED AREF ALROWAIEI (Bahreïn) a encouragé la poursuite des efforts de l’ONU dans la réalisation des objectifs de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Le Bahreïn s’est déclaré en faveur de la création d’un État palestinien dans les frontières deº1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, a indiqué le délégué. Par ailleurs, sa délégation a déclaré qu’elle soutenait les efforts du Maroc pour trouver une solution politique au différend du Sahara marocain, ainsi que le processus politique en cours sous l’égide des Nations Unies. Avant de conclure, le représentant a souligné le droit des Émirats arabes unis à regagner leur souveraineté sur les trois îles Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, qui sont « sous occupation iranienne ». Il a émis l’espoir que la République islamique d’Iran répondra positivement aux différentes initiatives lancées en ce sens par les Émirats arabes unis.

« L’initiative pour l’autonomie présentée par le Maroc représente une solution consensuelle et préserve l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc », a estimé Mmeº FATIMA AL MEMARI (Émirats arabes unis), avant d’ajouter: « Nous saluons les efforts du Maroc pour améliorer les conditions de vie des habitants du désert. » « Il ne saurait y avoir de stabilité au Moyen-Orient sans solution juste et durable, permettant au peuple palestinien de créer son état avec Jérusalem comme capitale, en application des différentes résolutions des Nations Unies relatives à cette question », a ensuite affirmé la représentante. Selon elle, les violations de la « Puissance occupante » permettent aux terroristes d’exploiter les souffrances du peuple palestinien et de mettre en danger la paix et la stabilité dans toute la région. La déléguée a enfin abordé un différend territorial avec l’Iran qui ne fait pas partie des 17 cas étudiés par la Quatrième Commission. « Nous condamnons l’occupation par l’Iran des trois îles Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, occupées par l’Iran, et rappelons notre souveraineté sur ces territoires », a-t-elle affirmé. Elle propose de régler le problème soit par le biais de négociations directes avec l’Iran, soit par la saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Mme ALEXANDRA ARIAS ORLOWSKA (République dominicaine) a apporté son soutien aux revendications « justes » de souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas. Elle a exprimé sa solidarité avec le peuple argentin et appelé aux négociations pour trouver une solution pacifique à cette controverse. La République dominicaine a plaidé pour un accord négocié entre les Gouvernements argentin et britannique en vue de mettre fin à ce différend.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) s’est rallié à la position défendue par le Mercosur. Il a rappelé que plus de 80 territoires qui se trouvaient dans un état de subordination coloniale ont pu obtenir leur indépendance depuis la création du Comité spécial de la décolonisation. Dès lors, il faut mettre un terme à « un colonialisme anachronique et dépassé qui perdure au XXIe siècle », s’est impatienté le représentant en défendant l’exercice démocratique du droit à l’autodétermination. À cet égard, il a plaidé pour le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et appelé à la reprise des discussions entre le Maroc et le Front POLISARIO. L’Uruguay s’est félicité du rôle joué par l’Union africaine dans ce contexte et a espéré que, rapidement, un envoyé personnel du Secrétaire général serait nommé. La délégation a soutenu le travail accompli par la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) en espérant qu’elle pourra accomplir le mandat pour laquelle elle a été déployée.

Abordant la question des Malvinas, le représentant a réitéré la position de principe de l’Uruguay qui soutient la « revendication légitime » de l’Argentine sur la souveraineté de ces îles. Cette position se fonde sur la justice géographique, historique et juridique, a-t-il argué en évoquant l’hérédité hispanique « irréfutable » de ces îles. Dans la mesure où il s’agit d’une « population transplantée sur ces îles », le principe d’autodétermination ne peut s’appliquer, a fait valoir le représentant, pour lequel il s’agit d’une situation coloniale spécifique sur la base de l’intégrité territoriale. Il a pris note de l’amélioration des relations bilatérales entre le Royaume-Uni et l’Argentine.

« Nous nous inquiétons du refus de certaines administrations à participer à notre Commission alors qu’ils ont une obligation internationale à le faire », a regretté M. ALI RASOL (Iraq), sans nommer les États concernés mais en les appelant à participer aux travaux de la Quatrième Commission. « Nous appelons à l’envoi de missions d’observation des Nations Unies dans les territoires non autonomes », a-t-il poursuivi. L’Iraq a, pour sa part, participé à une telle mission en Nouvelle-Calédonie du 12 au 16 mars dernier, aux côtés des délégations de Cuba et de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il a qualifié cette mission de succès, avant de remercier le Gouvernement français de sa collaboration et d’appeler à l’organisation de deux nouvelles missions de ce type en Nouvelle-Calédonie.

Mme MEGAYLA ULANA AUSTIN (Guyana) a souligné combien le colonialisme sous toutes ses formes était en contradiction totale avec les idéaux et principes des Nations Unies. Les peuples du monde, a-t-elle ajouté, doivent être en mesure de choisir librement leurs statuts politiques et de poursuivre tout aussi librement leur développement économique, social et culturel. La représentante a ensuite souligné que c’était au nom des pays privés de leur droit à l’autodétermination que les efforts de la Commission doivent être conduits. Mme Austin a ainsi exhorté les puissantes administrantes des territoires non autonomes à coopérer pleinement avec l’ONU pour finaliser un programme de travail « constructif » destiné à faciliter l’exécution des résolutions relatives à la décolonisation. Concernant la question du Sahara occidental, elle a déclaré que son pays appuyait les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et qu’il continue d’exhorter l’ensemble des parties prenantes à mettre un terme à un différend générateur d’instabilité dans la région du Sahel depuis près d’un demi-siècle.

M. EDUARDO FERNANDO LEÓN PEÑARANDA (Bolivie) a exprimé la détermination de son pays à mettre en œuvre la résolutionº1514 de l’Assemblée générale en date du 14 décembre 1960, qui considère que tous les peuples du monde ont le droit de mettre fin à la colonisation sous toutes ses formes. Sa délégation a ensuite appuyé la mise en œuvre de la résolutionº65/119 pour trouver une solution juste et définitive à la situation des 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour du Comité de la décolonisation. Le représentant a par ailleurs soutenu les aspirations du peuple de Porto Rico à devenir un peuple libre et indépendant. Il a invité la Grande-Bretagne et l’Argentine à résoudre leur différend de souveraineté par le dialogue avant de regretter que le Royaume-Uni n’ait respecté aucune des 40 résolutions adoptées par l’ONU sur les îles Malvinas. En outre, il a demandé le retrait immédiat des forces israéliennes de tous les territoires palestiniens occupés.

M. BASHAR A. A. A. E. ALDUWAISAN (Koweït) a déclaré que bien que l’État de Palestine ne soit pas considéré comme un territoire non autonome, son peuple a le droit de disposer de lui-même et d’être autorisé à établir un État indépendant avec Jérusalem pour capitale. Il a ensuite appelé le Comité à renforcer ses capacités en matière de relations avec la population des territoires non autonomes, exprimant son soutien aux efforts déployés par l’ONU pour faciliter les deux tables rondes qui se sont tenues au sujet du Sahara occidental. Notant l’ambiance positive au cours de ses deux réunions, il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité. Le délégué a également salué les réalisations du Maroc dans le domaine des droits de l’homme et la coopération de son gouvernement avec les agences de défense des droits de l’homme au Sahara occidental, tout en soulignant la nécessité de respecter l’unité et la souveraineté territoriale du Maroc.

Mme NERISSA WILLIAMS (Grenade)a rappelé que son pays avait été décolonisé, il y a 47 ans, avant de mettre l’accent sur l’importance de la réalisation du bien-être économique. Elle a rappelé qu’un tiers de la population mondiale vivait dans des territoires colonisés au début des processus de décolonisation. « Depuis, la décolonisation de 80 territoires a mis en évidence l’efficacité de l’ONU et de son Comité de la décolonisation », a estimé la représentante. Néanmoins, le ralentissement du rythme de décolonisation justifie une utilisation des outils de décolonisation dans le plus grand respect du mandats approuvés. Elle a mentionné que la majorité des 17 territoires inscrits à l’ordre du jour du Comité de la décolonisation se trouvent dans la région des Caraïbes et présentent une vulnérabilité partagée face aux soubresautas climatiques. Pour ce qui est du Sahara occidental, la délégation a appuyé le processus politique entériné en 2007 par le Conseil de sécurité. Elle a considéré en conclusion que le projet d’autonomie proposé par le Maroc en avril 2007 est une proposition viable.

« Le conflit au Sahara occidental évolue de façon positive vers le dialogue et la concertation », a affirmé M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale). Il a félicité les quatre parties prenantes –Maroc, Algérie, Front POLISARIO et Mauritanie– pour avoir récemment participé ensemble à deux tables rondes et pour l’organisation prochaine d’une troisième. Le représentant a aussi félicité le Maroc pour son initiative visant à réaliser l’autonomie du Sahara occidental, une initiative qu’il a qualifiée de « crédible ». Il a enfin salué les efforts de développement entrepris par Rabat dans ce territoire et de respect des normes internationales en matière de droits de l’homme.

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) a noté que 17 territoires figuraient encore sur la liste du Comité spécial de la décolonisation alors que « nous arrivons presque au terme de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme 2011-2020 ». Notant que l’ONU a encore « beaucoup de travail » pour mener à bien sa mission de décolonisation, le représentant a appelé à davantage de dynamisme pour y parvenir. « Le Comité spécial doit chercher à élaborer des démarches proactives et ciblées et les parties impliquées faire preuve d’ouverture », a-t-il insisté. Tout en saluant les progrès réalisés par le continent africain en matière de paix et sécurité, l’Ouganda s’est dit préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouve le « dossier du Sahara occidental » qu’il a qualifié de « seul territoire non autonome du continent africain ». Il a mentionné la création d’une troïka africaine pour apporter son concours aux efforts des Nations Unies. « Parce qu’aucun développement n’est possible sans paix ni sécurité, l’Ouganda est attaché à la décolonisation du Sahara occidental », a insisté le représentant, avant d’appeler à trouver une solution par le biais d’un référendum sous l’égide de la MINURSO. Il a appuyé le renouvellement du mandat de cette Mission et la nomination d’une nouvelle personnalité éminente chargée de ce dossier.

Droits de réponse

« Le Royaume-Uni n’a aucun doute quant à sa souveraineté sur les Îles Falkland », a affirmé le représentant du Royaume-Uni. « Le référendum de 2013 a transmis un message clair: à plus de 99%, les habitants des Falkland ne veulent pas que le dossier de la souveraineté soit rouvert », a-t-elle ajouté. Sur celui des îles Chagos, là encore, le Royaume-Uni a affirmé n’avoir aucun doute sur sa souveraineté. La déléguée britannique a affirmé que son pays pourrait les céder à l’île Maurice quand les conditions de sécurité seront réunies.

Réagissant aux interventions des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et du Bahreïn, le représentant de l’Iran a contesté les allégations de conflit territorial invoquées par ces pays au sujet des îles Abou Moussa, Petite et Grande Tomb. « Il n’y a pas de conflit territorial puisque ces îles appartiennent à la République islamique d’Iran », a insisté le représentant tout en se disant disponible pour discuter avec les parties afin d’éliminer toute controverse au sujet de ce différend.

En réponse à l’intervention du Royaume-Uni, le représentant de l’Argentine a martelé que « l’Argentine réitère ses déclarations: le Gouvernement argentin vous rappelle que les îles Malvinas font l’objet d’une occupation illégale de la part du Royaume-Uni », énumérant une longue liste de résolutions qui évoquent un « conflit de souveraineté » entre les deux pays. « Le vote qui a eu lieu aux Malvinas est un acte unilatéral britannique sans aucune valeur juridique », a-t-il tranché, avant d’ajouter que « cet acte unilatéral a permis à des citoyens britanniques d’exprimer leur choix de rester britanniques ».

La représentante des Émirats arabes unis a déclaré que les Abou Moussa, Petite et Grande Tomb font partie intégrante du territoire des Émirats. Elle a condamné l’occupation iranienne de ces îles émiraties et réfuté les revendications avancées par l’Iran. « Nous appelons au règlement pacifique de ce dossier soit par le dialogue direct soit en envoyant cette question à la Cour internationale de Justice », a dit la représentante. L’Arabie saoudite a, quant à elle, précisé que le Chapitre VIII de la Charte de l’ONU considère que les organisations régionales sont à même de s’occuper de questions de paix et de sécurité. Le représentant a défendu les droits à la souveraineté des Émirats arabes unis sur ces îles avant de regretter que la République islamique d’Iran n’ait pas répondu aux appels à la négociation pour traiter de cette question.

Source : UN Press, 7 oct 2019

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