Maroc: Silence sur les déclarations d’Ankara et Bruxelles

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La stratégie diplomatique du régime marocain du Makhzen est basée sur l’investissement des positions floues et ambiguës des pays et la tentative de les sortir de leur contexte. Il recourt encore au silence sépulcral lorsque la position d’un pays ou d’un groupe de pays comme l’Union européenne ou l’Union africaine est franche et n’accepte pas de revirement.

Ces pratiques qui ne tiennent pas compte des normes diplomatiques sont bien adoptées par le ministre des Affaires étrangères du Makhzen, Nasser Bourita, et cela s’est manifesté dans les récents développements de la question du Sahara occidental, au niveau européen en particulier, qui ont choqué le régime du Makhzen, parce qu’ils ont déjoué toutes ses manœuvres et mis à nu ses méthodes d’exploitation de certaines positions.

La diplomatie marocaine, comme à l’accoutumée, et depuis la dernière déclaration du ministère turc des Affaires étrangères, aux côtés des Pays-Bas, et après la déclaration du Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, sur le Sahara occidental, a gardé un silence assourdissant et n’a commenté aucune de ces déclarations et positions, pourtant très dures et scandaleuses pour les allégations du voisin de l’Est, dans le traitement de la question du Sahara occidental, que Rabat place en tête de ses problèmes.

Dans une déclaration écrite, le ministère turc des Affaires étrangères a réfuté les déclarations de Bourita, qui a parlé de la reconnaissance turque du « Sahara marocain », et Ankara a confirmé qu’elle respecte les frontières internationalement reconnues, adressant une gifle retentissante au régime du Makhzen, qui a exploité les considérations d’hospitalité pour confisquer les positions de ses invités, dans une scène qui transcende la morale et les normes, qui est une position qui a également été répétée avec le ministère néerlandais des Affaires étrangères.

L’autre coup que le régime marocain du Makhzen a reçu de la part du Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, c’est lorsqu’il a déclaré : « L’Union européenne considère que toutes les questions relatives à la question du Sahara occidental doivent être abordées et placées, par le droit international, dans le cadre des négociations en cours sous la direction de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura ».

M. Borrell a également affirmé que « la position de l’Union européenne sur le Sahara Occidental, qui reflète la vision commune existant parmi les Etats membres de l’Union européenne, est de soutenir pleinement les efforts menés par les Nations Unies pour un processus politique visant à atteindre une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable par les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies ».

L’Algérie, sans attendre, s’est empressée de commenter la déclaration de Borrell, la qualifiant, par la voix d’Ammar Belani, l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, de position habituelle, mais pourquoi Rabat a-t-il gardé le silence sur cette déclaration et avant elle les clarifications d’Ankara et d’Amsterdam ?

Le régime du Makhzen s’est rendu compte que son silence concernant ces déclarations conduirait inévitablement à de nombreuses questions sur le fond de cette réaction, d’autant plus qu’il avait l’habitude de se lancer dans des déclarations argumentées sans contrôle.

Le ministre marocain des affaires étrangères a désespérément tenté de justifier ce silence par ce qu’il a appelé des « directives royales » appelant à éviter l’escalade, mais cela n’a pas convaincu tous ceux qui connaissent les méthodes de travail de la diplomatie du Makhzen.

Si le démenti du ministère turc des Affaires étrangères et la clarification du ministère néerlandais des Affaires étrangères sont considérés comme une « gifle forte », selon les normes diplomatiques, et font réfléchir mille fois les responsables du voisin occidental avant de commercialiser une position erronée au nom d’un autre pays, pourquoi ces déclarations et celles du Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne constituent-elles un choc sans précédent pour la diplomatie du Makhzen ?

Depuis le 18 mars dernier, qui coïncide avec la date du changement de position de l’Espagne sur la question du Sahara Occidental, les armes du régime du Makhzen, à l’intérieur et à l’extérieur, ont tout fait pour dessiner une scène montrant que la question du Sahara Occidental est pliée à jamais, et que le peuple sahraoui est soudainement devenu marocain et a abandonné sa cause funeste, et ont célébré l’événement.

Cependant, les dernières déclarations de Borrell sont venues réveiller le Makhzen et son personnel des rêves éveillés pour faire face à un horrible cauchemar, que la question du Sahara Occidental est toujours dans son premier carré, et que son sort est suspendu à la résolution de l’ONU vieille de 31 ans.

Le responsable européen a fait taire le bruit soulevé par le Makhzen quant à l’obtention du soutien de certains pays européens comme l’Espagne, et dans une moindre mesure la France et l’Allemagne, lorsqu’il a confirmé que la position de l’Union européenne n’a pas changé et qu’elle soutient les efforts des Nations Unies, qui ne reconnaissent qu’un seul projet, et c’est celui dont découle la mission MINURSO, rebaptisée « Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental », qui est l’autodétermination du peuple sahraoui.

Mohamed Moslem

Echouroukonline, 18 mai 2022

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