En crise avec l’Algérie, Madrid sollicite la médiation de l’UE

En crise avec l’Algérie, Madrid sollicite la médiation de l’UE – Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Josep Borrell, gaz, Italie, Maroc

Par Mohamed Kouini

Le gouvernement espagnol est aujourd’hui préoccupé par la nouvelle tournure prise dans ses relations avec l’Algérie. Selon des médias ibériques, notamment le quotidien El Confidencial, l’Espagne cherche à rétablir le contact avec les autorités algériennes, dans le but de débloquer la situation et de désamorcer la tension qu’elle a elle-même crée, en s’alignant sur les thèses marocaines dans son occupation injustifiée des territoires du Sahara occidental.

Selon ce quotidien, Madrid a vainement tenté de contacter le gouvernement algérien sur plusieurs dossiers restés en suspens ou qui viennent de se poser sur la table depuis le rappel de l’ambassadeur d’Algérie et la rupture des canaux diplomatiques. L’Espagne aurait évoqué des mesures de représailles de la part des autorités algériennes, notamment sur le plan commercial.

Ainsi, les observateurs citent surtout le gel des fréquences de la compagnie aérienne Iberia, la suspension des licences d’importation d’animaux vivant, notamment des bovins espagnols et de la viande rouge. Aux appréhensions des éleveurs espagnols s’ajoutent maintenant les angoisses des grands industriels qui exercent dans la céramique et la faïence, dont le chiffre d’affaires a sensiblement augmenté grâce aux achats algériens depuis ces quinze dernières années.

Mais, Madrid craint déjà les effets du recul manifeste du flux des marchandises qui transitent par le port de Valence, duquel passe une grande partie des importations algériennes. Ce port risque de connaitre dans les mois prochains une réduction importante de son activité portuaire. Sans parler des craintes sur la perte de ses projets de devenir un hub gazier grâce aux approvisionnements en gaz algérien, au profit de l’Italie.

Pour les observateurs espagnols, c’est le prix de la trahison de Sanchez à la position de neutralité historique de son pays à l’égard de la question du Sahara occidental, son ancienne colonie espagnole.

Pour régler la crise qu’il a provoquée avec Alger, le gouvernement de Madrid a sollicité l’Union européenne. Le journaliste espagnol spécialiste de la question sahraouie, Ignacio Cembrero, a balancé un tweet, dans lequel il annonce que « le ministre des affaires étrangères d’Espagne José Manuel Albares demande à Josep Borrell (Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères) de l’aider à surmonter la crise avec l’Algérie. Il n’arrive pas à contacter Alger depuis que Madrid soutient Rabat au Sahara ».

Le quotidien El Confidencial évoque à ce sujet une rencontre qui aurait eu à la demande d’Albares, entre Borrell et Lamamra le 26 mars à Doha (Qatar), en marge de la tenue d’un forum international. «Bien que l’Algérie considère que son problème est avec l’Espagne et non avec l’UE, Lamamra a accepté de rencontrer Borrell pour discuter du différend avec le gouvernement espagnol», écrit le rédacteur de l’article qui ajoute : «La réponse du ministre algérien a été que son pays respecterait ses engagements en matière d’approvisionnement en gaz, mais comme le prévoient les contrats énergétiques actuels, il augmentera son prix pour le rapprocher du prix du marché ».

Ce samedi, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a estimé que le revirement de l’Espagne sur la question sahraouie est « éthiquement et historiquement inadmissible ». Toutefois, le chef de l’Etat a tenu à faire la différence entre le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez et l’Etat espagnol.

« Nous devons faire la distinction entre le gouvernement espagnol et l’Etat espagnol avec lequel nous avons des liens très forts. Nous exigeons l’application du droit international afin que les relations reviennent à la normale avec l’Espagne », a-t-il dit.

Le Jeune Indépendant, 24/04/2022

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