La France ouvre les archives de la guerre d’Algérie

La France ouvre les archives de la guerre d’Algérie – Mémoire, colonialisme,

La France a décidé officiellement d’ouvrir les archives judiciaires, liées à la guerre d’Algérie. En effet, un arrêté interministériel publié aujourd’hui sur le journal officiel, ouvre les archives judiciaires françaises en relation avec la guerre d’Algérie avec quinze ans d’avance sur le calendrier légal.

Selon des médias français, les archives seront désormais accessibles sans restriction en vertu d’une procédure dite « de dérogation générale ». Sont concernées « les enquêtes de police judiciaire » et « les affaires portées devant les juridictions ».

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Guerre d’Algérie : La France garde scellées les archives de l’armée

Au surlendemain de la visite en Algérie, du ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a annoncé l’ouverture des archives «des enquêtes judiciaires» de gendarmerie et de police de la guerre de libération algérienne (1954-1962) avec 15 ans d’avance.

«J’ouvre, avec quinze ans d’avance, les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d’Algérie», annonçait Roselyne Bachelot Sur les plateaux de BFM-TV, vendredi dernier. Une ouverture, néanmoins, limitée aux seules archives de la gendarmerie et de la police françaises. Donc, point d’ouverture totale des archives françaises de l’armée et des renseignements sur la guerre d’Algérie dans lesquels les pires crimes de l’armée française, des services de renseignement, de l’OAS et de la Main rouge sont inscrits.

Les génocides, la torture et les crimes contre l’humanité sont ailleurs

En effet, les archives de l’armée française et ceux des renseignements et même les archives judiciaires  pourraient confirmer de manière officielle ce qu’on sait déjà, et ce que les historiens français et surtout algériens ont révélé par le passé dans leurs livres et documentaires, concernant les crimes de guerre, les tortures et les génocides orchestrés par l’armée française en Algérie en période de guerre. Ils peuvent aussi nous apprendre des faits méconnus jusque-là, mais aussi renseigner sur ce qui est advenu des dizaines de milliers de disparus dont les familles n’ont pu faire entièrement le deuil jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs, le président de l’association «Josette et Maurice Audin» ne cesse de rappeler que «des dizaines de milliers de personnes ont disparu durant la guerre d’Algérie. De nombreuses familles ne savent pas dans quelles conditions leurs proches ont été exécutés ou enterrés», explique à un journal français, Pierre Mansat, qui milite pour la reconnaissance des crimes coloniaux.   Interrogée sur les conséquences de cette décision d’ouverture des archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police, notamment sur la possible confirmation d’une partie des actes de torture commis par l’armée française en Algérie, Roselyne Bachelot dira sans encombre : «C’est dans l’intérêt du pays que de le reconnaître». Oui, il se pourrait qu’il y ait des traces de tortures faites contre les Algériens, mais pas en France (événements du 17 octobre par exemple), parce que les vraies archives de la guerre 54/62 sont détenues par l’armée et les renseignements.

Un pas en avant, deux en arrière

Les questions mémorielles de la colonisation française en Algérie, le président français les a voulues comme un «prélude à l’apaisement des relations entre les deux pays, particulièrement celles liées à la reconnaissance des crimes commis par la France en Algérie entre 1830 et 1962». L’action initiée par Emanuel Macron avait été ponctuée par un premier jet qu’aura été le rapport de Benjamin Stora, chargé par le chef de l’Etat français de travailler sur le sujet, et qui a débouché sur un certain nombre de recommandations, dont l’ouverture des archives françaises sur la guerre d’Algérie. Entre temps, le Président français avait reconnu en septembre 2018 que la disparition du mathématicien et militant communiste, Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l’armée française et promettait à sa famille un large accès aux archives. En mars dernier, Macron reconnaissait, «au nom de la France», la responsabilité de l’armée française dans la torture et l’assassinat de l’avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel, en 1957, et annoncera quelques jours plus tard une simplification des procédures de déclassification des archives de plus de cinquante ans, permettant d’écourter les délais d’attente liés à ces procédures. Ce à quoi l’Elysée répondra positivement puisque, le 9 mars, la présidence française annonçait que le chef de l’Etat avait «pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder aux déclassifications des documents couverts par le secret de la défense nationale (…) jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse». Néanmoins, entre ça et ça, il y a eu toujours des décisions, des déclarations ou des faits (déclarations de Macron face à des jeunes franco-algériens, déclaration de Darmanin sur Europe1 sur la question des visas, ou encore mettre la responsabilité des crimes du 17 octobre sur le dos d’un préfet) pour remettre en cause la volonté sincère de la France officielle de se réconcilier avec son passé et de reconnaitre, enfin, ses crimes en Algérie.  

B. A.

L’Algérie aujourd’hui

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