Presse espagnole : « L’Algérie laisse l’Espagne de côté »

Presse espagnole : « L’Algérie laisse l’Espagne de côté » – Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Italie, gaz,

L’Algérie change de partenaire stratégique en Europe, a rapporté le quotidien espagnol « AS ». Le gouvernement algérien a confirmé son engagement envers l’Italie comme une priorité dans les exportations de gaz vers le Vieux Continent, a souligné pour sa part l’autre journal espagnol « Cinco Días ».

« L’Italie est un pays ami qui a toujours été présent dans les moments les plus difficiles. C’est avant tout un pays qui maintient une adhésion constante à des positions de principe sur les questions régionales d’intérêt commun ». Ces propos, prononcés par l’envoyé spécial algérien chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, dans une interview accordée au média algérien « TSA », ont été rapporté largement hier par les grands titres espagnols. Le responsable du ministère des Affaires étrangères algérien a défendu les garanties d’une augmentation progressive du quota de gaz naturel que l’Algérie fournira au pays italien « à court, moyen et long terme », ont relevé les médias espagnoles, citant le média algérien. Les médias ibériques ont longuement rapporté les critiques de Belani envers l’Espagne, suite à son revirement sur sa position sur le Sahara occidentale, en s’alignant sur la proposition marocaine. « Avec l’Italie, c’est l’inverse de ce que nous venons de vivre avec d’autres partenaires de la région, plus rompus aux dédoublements et aux calculs étroits et égoïstes », référence évidence faite à l’Espagne.

C’est un pari décidé et il intervient quelques jours après que le président de la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach, Toufik Hakkar, a annoncé une révision du prix du gaz pour l’Algérie, a rappelé la presse espagnole. Elle intervient également quelques semaines après la nouvelle position adoptée par le gouvernement espagnol à l’égard du Sahara, en se positionnant pour la proposition de Rabat, ont noté les mêmes sources.  L’exécutif espagnol a décrit cette position dans une lettre envoyée au Maroc comme « la base la plus sérieuse, la plus réaliste et la plus crédible pour la résolution du différend », lit-on également dans les colonnes de la presse hispanique.

Enfin, Belani a fait état de nouveaux objectifs à réaliser par le gouvernement algérien.

« Des discussions techniques auront lieu pour augmenter la production de gaz naturel à partir de projets communs en Algérie », a-t-il expliqué au média précité. Un plan qui consiste en un investissement de 40 000 millions de dollars, soit plus de 36 000 millions d’euros, pour exploiter et explorer les gisements de pétrole et de gaz.

La troisième vice-présidente du gouvernement et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera , a fait état la semaine dernière d’une augmentation du prix du gaz pour l’Espagne. « L’intention de Sonatrach est d’augmenter les prix » , a déclaré Ribera, cité par le quotidien l’« AS ».

En ce qui concerne l’Italie, le Premier ministre, Mario Draghi, a signé un accord en Algérie pour augmenter de près de 50 % le volume des importations de gaz algérien. De cette façon, l’Italie recevrait jusqu’à 10 000 millions de mètres cubes supplémentaires d’ici la fin de 2022. L’année dernière, elle a reçu un volume proche de 21 000 millions, la Russie étant son principal fournisseur de gaz.

L’Espagne, pour sa part, a son principal fournisseur de gaz en Algérie, contrairement à d’autres pays qui dépendent du gaz russe. Le pays algérien fournit du gaz via le gazoduc Medgaz, qui arrive directement d’Algérie à Almeria , et a une capacité maximale de 8 000 millions de mètres cubes.

En s’alignant officiellement sur la position du Maroc dans le conflit du Sahara occidental, l’Espagne a provoqué la colère de l’Algérie et du Front Polisario.

Le mois dernier, l’Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat, suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un « brusque revirement » de position concernant le dossier du Sahara occidental, selon un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

« Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat », a souligné le communiqué.

Pour sa part, le représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l’Union européenne (UE), Oubi Bouchraya Bachir, a affirmé que la position soudaine exprimée par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, constituait un « grave dérapage à même d’alimenter les tensions et hypothéquer les chances d’un règlement politique » du conflit au Sahara occidental.

« L’Espagne qui, conformément au droit international, reste toujours la puissance administrante de son ancienne colonie (le Sahara occidental), ne peut renier unilatéralement ses responsabilités et ses obligations que lui impose sa relation unique avec la région et ses habitants », a indiqué Oubi Bouchraya dans une déclaration à l’APS. Le diplomate sahraoui souligne que la position exprimée par le gouvernement espagnol a conduit à « des campagnes de condamnation, de rejet et de dénonciation menées par la majorité des forces politiques en Espagne », relevant que « plus de 11 partis ont exigé la comparution, dans les plus brefs délais, du Premier ministre espagnol devant le Parlement pour qu’il soit auditionné sur les raisons de ce revirement injustifié ».

Hamid Mechri

E-bourse, 18/04/2022

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