Le donnant-donnant entre Rabat et Madrid – Maroc, Espagne, Sahara Occidental, migration, pêche,
Pour la deuxième journée consécutive, des pêcheurs espagnols ont dû rentrer bredouille à leurs ports andalous après avoir été menacés par des pêcheurs marocains.
Ces derniers, non conformes avec les autorités marocaines pour avoir signé un nouvel accord avec l’Union européenne (en échange de 40 millions d’euros par an) pour permettre aux Espagnols de pêcher dans les eaux territoriales marocaines, font de la résistance en harcelant et menaçant physiquement leurs collègues espagnols, grands bénéficiaires de cette convention.
Pour la deuxième fois en deux jours, les pêcheurs marocains ont réussi à faire peur aux Espagnols qui ont préféré rentrer dans leurs ports respectifs plutôt que de se bagarrer avec leurs collègues marocains en haute mer.
Certaines sources espagnoles croient que les pêcheurs marocains sont encouragés par certains armateurs marocains qui se disent proches du pouvoir. D’autres estiment au contraire qu’il s’agit d’actions personnelles et localisées.
Quoi qu’il en soit, encore une fois, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, même si officiellement il n’est pas partie prenante dans l’accord puisque c’est Bruxelles qui a négocié avec Rabat, va devoir appeler le Palais pour mettre les points sur les i, et au passage faire donner la gendarmerie et la marine royale pour mater les pêcheurs marocains.
Cela ne va pas être compliqué. Le roi Mohamed VI ne peut rien refuser à Rajoy depuis que ce dernier a commencé à se montrer conciliant envers des sujets qui tiennent à coeur les Marocains, comme le conflit du Sahara occidental par exemple.
Le maire de Zamora, une ville du Nord-Est espagnol en sait quelque chose. Après s’être fait expulser par les autorités marocaines de Laâyoune, Mme Rosa Valdeon a vu comment le Parti populaire dont elle est vice-présidente régionale, la critiquait pour avoir …. voyagé au Sahara occidental.
Et plus personne au Parti populaire, autrefois « grand ennemi du Maroc » selon la phraséologie partisane makhzenienne, n’ose dire quoi que ce soit qui dérangerait la quiétude autoritaire des autorités de notre pays.
Mais ce nouveau élan pro-Makhzen n’est pas gratuit. Depuis un certain temps, Rabat fait tout pour satisfaire les desiderata des Espagnols. Mohamed VI a depuis longtemps mis fin à la crise des frontières en faisant condamner par « sa » justice les « patriotards » qui titillaient Madrid aux portes de Sebta et Melilla avec des manifestations anti-espagnoles.
Ainsi, le sénateur Yahya Yahya, autrefois violent pourfendeur des Espagnols, a été condamné récemment par un tribunal de Nador à 3 mois de prison et une amende de 1 000 dirhams [90 euros] pour avoir participer en novembre 2012 à une manifestation non autorisée « pour la libération de Melilla ».
Humiliation suprême : Yahya Yahya a été obligé de présenter de plates excuses « au gouvernement et au peuple espagnols », et de dissoudre son association pour « la libération de Sebta et Melilla ».
Quant à son second, le pauvre et fidèle Saïd Chramti, il a été condamné à 18 mois de prison ferme et croupit depuis en taule. Son crime ? Avoir voulu, comme son patron, « libérer Sebta et Melilla ».
Alors, nos pêcheurs n’ont qu’à bien se tenir. Ceux qui s’amusent aujourd’hui à embêter nos nouveaux amis espagnols savent que la falaka et le hbissi ne sont pas loin.
Quant à la récupération des villes « spoliées » de Sebta et Melilla, elle attendra.
Quand les relations s’envenimeront à nouveau entre Rabat et Madrid, le Makhzen aura toute latitude pour rappeler les « patriotards » qu’il a fait taire aujourd’hui.
Simo Sbaï
Demain online, 18/09/2014
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