Comment le Makhzen finance ses précieux relais à l’étranger

Casablanca.- La liste des heureux bénéficiaires d’argent marocain distribué par le ministère des MRE vient d’être diffusée sur Internet. Si quelques sous de cette manne servent en effet à financer quelques projets culturels sympathiques et constructifs, la grande masse de cet argent est en réalité un financement politique indirect destiné à des associations qui sont autant de relais du Makhzen à l’étranger.

Beaucoup de ces associations sont souvent à l’avant-garde de la propagande du régime à l’étranger, autant quand il faut chanter les louanges des »réformes démocratiques » entreprises par le Makhzen, que quand il s’agit de faire du lobbying politique dans leurs pays de résidence respectifs.

Nous pensions que c’est l’argent des MRE qui sauve chaque année le budget annuel de l’Etat de la déroute, nous constatons qu’une partie de cet argent retourne à l’envoyeur pour des « missions » concrètes.

Car, pourquoi la Fondation des trois cultures, qui a son siège à Séville, a reçu 1,6 millions de dirhams, alors qu’elle est exclusivement dédiée à la promotion des activités culturelles et n’a aucune relation, mais vraiment aucune, avec l’immigration marocaine en Espagne ?

Est-ce parce que le conseiller royal André Azoulay fait partie de sa direction?

Et pourquoi l’association Ibn Batouta de Barcelone a obtenu deux gros chèques, le premier en 2010 d’un montant de 224 000 DH pour mener un projet de « Communication avec la population immigrée » et un deuxième en 2011, d’un montant supérieur, de 355 000 DH, pour un projet intitulé « Accueil et accompagnement de la population MRE en Espagne » ?

Cela coûte vraiment si cher la « communication » et « l’accueil et l’accompagnement »?

Est-ce parce que le fondateur-président de cette association à dimension lilliputienne, Mohamed Chaïb, était en tant que député local au parlement autonomique catalan le relais du Makhzen en Catalogne ?

Et puis comment ça se fait qu’une association ayant pignon sur rue au Maroc (à Rabat et non à Al Hoceima, comme l’indique l’intitulé de la subvention), l’Association Rif pour la solidarité et le développement (ARID), a touché la somme de 70 000 DH en 2009 ?

Est-ce parce que son fondateur et mentor s’appelle Ilias El Omari, le dirigeant du PAM fondé par son ami Fouad Ali El Himma ?

D’autres noms d »associations » et de financements douteux apparaissent sur cette liste. Il n’y a qu’à fouiner pour trouver quelques perles.
Maintenant il faudrait que le ministère des MRE donne quelques explications sur ces financements. C’est la moindre des choses dans un «Etat de droit ». Car nous sommes bien dans un « Etat de droit », n’est-ce pas?

Demainonline, 2 juin 2012

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